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XVII
AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

raccommodent ; mais surtout il faut tâcher de passer sa vie avec un peu de joie et de repos ; mais le moyen, ma bonne, quand on est à cent mille lieues de vous ? Vous dites fort bien : on se parle et on se voit au travers d’un gros crêpe…

mais surtout il faut tâcher de passer sa vie avec un peu de joie et de repos ; et le moyen, quand on est à cent mille lieues de vous ? Vous dites fort bien : on se voit et on se parle au travers d’un gros crêpe…

Voilà une folie que je pousserois loin ; mais je reviens, et je trouve que le château de Grignan est parfaitement beau : il sent bien les anciens Adhémars. Je ne vois pas bien ou vous avez mis vos miroirs. L’abbé, qui est exact et scrupuleux, n’aura point reçu tant de remerciements pour rien. Je suis ravie de voir comme il vous aime, et c’est une des choses dont je veux vous remercier, que de faire tous les jours augmenter cette amitié par la manière dont vous vivez avec moi et avec lui. Jugez quel tourment j’aurois s’il avoit d’autres sentiments pour vous ; mais il vous adore.

Dieu merci ! voilà mon caquet bien revenu. Je vous écris deux fois la semaine, et mon ami Dubois prend un soin extrême de notre commerce, c’est-a—dire de ma vie. Je n’en ai point reçu par le dernier ordinaire, mais je n’en suis point en peine, à cause de ce que vous me mandez. Voilà une lettre que j’ai reçue de ma tante.

Voilà une folie que je pousserois loin. Mais je reviens, et je trouve que le château de Grignan est parfaitement beau : il sent bien les anciens Adhémars.

Je suis ravie de voir comme le bon abbé vous aime ; son cœur est pour vous comme si je l’avais, pétri de mes propres mains ; cela fait justement que je l’adore.

Votre fille est plaisante….

Votre fille est plaisante….

Adieu, ma très-aimable bonne ; embrassez M. de Grignan pour moi. Vous lui pouvez dire les bontés de notre abbé. Il vous embrasse cet abbé, et votre fripon de frère. La Mousse est bien content de votre lettre ; il a raison, elle est aimable.

(La suscription de la lettre originale est : Pour ma très-bonne et très-belle, dans son château d’Apolidon.)

Mme de Sévigné.

Adieu, ma très-aimable enfant ; embrassez M. de Grignan pour moi. Vous lui pouvez dire les bontés de notre abbé.