Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/438

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1655

Adieu, mon cher cousin, mandez-moi s’il est vrai que vous vouliez passer l’hiver sur la frontière, et croyez surtout que je suis la plus fidèle amie que vous ayez au monde[1].


1656

37. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MÉNAGE.

Vendredi 23e juin[2].

Votre souvenir m’a donné une joie sensible, et m’a réveillé tout l’agrément de notre ancienne amitié. Vos vers m’ont fait souvenir de ma jeunesse, et je voudrois bien savoir pourquoi le souvenir de la perte d’un bien aussi irréparable ne donne point de tristesse. Au lieu du plaisir que j’ai senti, il me semble qu’on devroit pleurer ; mais sans examiner d’où peut venir ce sentiment, je veux m’attacher à celui que me donne la reconnoissance que j’ai de votre présent. Vous ne pouvez douter qu’il ne me soit agréable, puisque mon amour-propre y trouve si bien son compte, et que j’y suis célébrée par le plus bel esprit de mon temps. Il faudroit pour l’honneur de vos vers que j’eusse mieux mérité tout celui que vous me faites. Telle que j’ai été, et telle que je suis, je n’oublierai jamais votre véritable et solide amitié, et je serai toute ma vie la plus reconnoissante comme la plus ancienne de vos très-humbles servantes.

La M. de Sévigné.

    apprenaient leurs exercices et surtout à monter à cheval, dans des écoles qu’on nommait académies.

  1. « On peut connoître par cette lettre, ajoute Bussy, que la marquise m’en avoit écrit une dans laquelle il y avoit quelque endroit que j’avois critiqué ; et la sienne et la mienne ont été perdues. »
  2. Lettre 37. — i. Dans l’édition de 1818, cette lettre est placée au 23 juin 1668, année où parut la cinquième édition des Poemata