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couronné par là sa réputation. L’avis est un peu sévère, mais prions Dieu qu’il soit suivi. Il est toujours beau d’aller le premier à l’assaut.



63. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À M. DE POMPONE.

Mercredi 17e décembre.

Vous languissez, mon pauvre Monsieur, mais nous languissons bien aussi. J’ai été fâchée de vous avoir mandé que l’on auroit mardi un arrêt ; car, n’ayant point eu de mes nouvelles, vous aurez cru que tout est perdu ; cependant nous avons encore toutes nos espérances. Je vous mandai samedi comme M. d’Ormesson avoit rapporté l’affaire et opiné ; mais je ne vous parlai point assez de l’estime extraordinaire qu’il s’est acquise par cette action. J’ai ouï dire à des gens du métier que c’est un chef-d’œuvre que ce qu’il a fait, pour s’être expliqué si nettement, et avoir appuyé son avis sur des raisons si solides et si fortes ; il y mêla de l’éloquence, et même de l’agrément. Enfin jamais homme de sa profession n’a eu une plus belle occasion de se faire paroître, et ne s’en est jamais mieux servi. S’il avoit voulu ouvrir sa porte aux louanges, sa maison n’auroit pas désempli ; mais il a voulu être modeste, il

    aucune suite ; et à l’égard du péculat, qu’on ne pouvoit point faire un fondement assuré sur les apparences qui faisoient contre ledit sieur Foucquet, attendu que ses papiers, par lesquels il prétendoit se pouvoir justifier, lui avoient été pris, et qu’outre cela, pour en bien juger, il faudroit discuter les biens qu’a laissés le cardinal Mazarin, dont la plupart ne pouvoient provenir que des sommes que ledit sieur Foucquet avoit été obligé de fournir au défunt. » (Relation de ce qui s’est passé dans la chambre de justice au jugement de M. Foucquet, dans les Œuvres de M. Foucquet, tome XVI, p. 337 et 338.)