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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/535

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1668 On ne comprend pas celui-ci, car enfin, quoiqu’il porte des cornes sur la tête, il les tient fort au-dessous de lui.

Si vous n’y êtes pas encore, vous n’en êtes pas loin. Attendez.

C’est un mari gros et gras et bien nourri.

Y êtes-vous ?

C’est un mari dont le malheur m’est particulièrement connu[1].

Oh ! pour celui-là vous y êtes. Je défie Beaubrun[2] de le peindre plus au naturels[3].

Je ne sais si j’oserois vous parler du mariage de Mlle de Sévigné, si près du chapitre des corniches. Oui, cela ne tire pas à conséquence, et puis vous lui choisirez un honnête homme ; autrement, vous savez bien la prédiction que j’ai faite.

J’ai ouï parler du mari qu’elle a failli d’épouser[4]. Je ne sais pas, s’il l’eût épousée, s’il eût été quelque jour très-marri[5] ; mais je sais bien que, dans les commencements, il eût été très-aise. Je suis ma foi le serviteur

  1. On a pensé qu’il s’agissait de M. de Montglas, à qui ce dernier trait s’appliquait, à ce qu’il paraît, plus qu’à personne. La lettre 85 confirme cette conjecture, et prouve que c’est bien de lui qu’il est ici question.
  2. Charles Beaubrun, célèbre peintre de portraits, mort à Paris en 1692, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.
  3. Il y a ici dans notre manuscrit une phrase de plus, qui a été ajoutée par Mme de Coligny : « Cela me fait aviser de vous envoyer une traduction d’une épître d’Ovide, que j’ai faite autrefois sur le sujet de ce mari-là ; je crois que l’épître vous réjouira. » Il s’agit sans doute de l’épître de Pâris à Hélène, où Ménélas est traité de « sot époux, » et qu’on avait voulu d’abord attacher à cette lettre-ci. Mais plus tard, comme nous le verrons, elle fut placée, avec la réponse d’Hélène à la suite de la lettre du Ier mai 1672.
  4. Voyez la note 3 de la lettre 77.
  5. Dans le manuscrit il y a très-mari.