Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 1.djvu/536

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 506 —

1668

de la belle, et je l’aime fort ; mais pourtant bien moins que vous[1].


79. — DU COMTE DE BUSSY RABUTIN
À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Cinq semaines après que j’eus écrit cette lettre à la marquise, je lui écrivis encore celle-ci.

À Bussy, le 17e juillet 1668.

Je ne vous entretiendrai pas longtemps aujourd’hui, ma belle cousine, parce que j’ai été saigné ; mais je n’ai que faire de vous le dire, vous le savez bien[2]. Mais je ne sais si vous savez aussi qu’on m’a tiré du sang de poulet : il est vrai que j’en avois tant que j’en étouffois. Si j’étois à Paris on ne me saigneroit pas si souvent : c’est un air qui dissipe beaucoup d’esprits.

Mais j’oublie de vous parler du sujet de ma lettre : C’est une recommandation que je vous demande à M. Didé, conseiller au grand conseil, pour une affaire que j’ai à son rapport. Je ne doute pas que vous ne le connoissiez, ou quelqu’un qui le connoisse, car il est Breton. De la manière dont j’ai ouï parler de lui, je n’appréhende pas que d’être exilé lui fasse trouver ma cause moins bonne. Si je n’avois été saigné, je lui écrirois ; et si je pouvois aller à Paris, j’irois lui rendre mes devoirs : il n’y a que le Roi au monde qui m’en pût empêcher.

Adieu, ma chère cousine ; je suis ma foi bien à vous et à

  1. Ici encore on lit quelques mots ajoutés plus tard : « Je fais toujours souvenir le Roi de moi de temps en temps. Voilà les deux dernières lettres que je lui ai écrites. Il ne m’a pas encore écouté. Patience ! » Une copie de ces deux lettres au Roi se trouve avec un fragment de la lettre 78, dans le manuscrit 629 du Supplément français de la Bibliothèque impériale.
  2. Lettre 79. — i. Voyez la lettre 77.