Sévigné, était là, ainsi que le chansonnier Marigny. Ils engagèrent Tonquedec à se retirer. Les amis de madame de Sévigné
étaient indignés contre le duc de Rohan, qui s’était emporté à
de telles violences chez une femme, et, comme le dit Loret,
« dans un lieu de respect[1]. » Renaud de Sévigné fit appeler
Rohan[2]. Mais, comme les suites de la querelle étaient prévues,
on avait donné à celui-ci un garde qui ne le perdait pas de vue.
Ce même garde, très-vigilant, réussit à prévenir une rencontre
du duc avec Tonquedec d’abord, qui l’avait fait demander par
Vassé, puis avec Chavagnac, le comte du Lude et le comte de
Brissac, qui voulaient tirer raison de l’affront fait à Tonquedec
ou plutôt à madame de Sévigné. La duchesse de Rohan veillait encore mieux sur son mari que le garde. Loret dit que le
duc « se fit bien tenir à quatre ;
- Car il enrageoit de se battre. »
Mais le bruit courait qu’on n’avait pas eu à le tenir bien fort.
Parmi les acteurs de cette scène, dont Paris s’occupa beaucoup, et dans laquelle une rivalité d’amour se cachait derrière des questions de point d’honneur, nous venons de retrouver ce comte du Lude qui depuis longtemps se montrait épris de madame de Sévigné. Avait-il encore le même amour pour elle, ou dès lors s’était-il refroidi ? Nous avouons qu’en ces matières nous ne possédons pas assez l’art de vérifier les dates, pour établir avec une science satisfaisante la chronologie de sa passion. Cette passion, à en croire Bussy, aurait fini « lorsque madame de Sévigné commençoit d’y répondre ; et sans ces contre-temps on ne sait pas ce qui fût advenu[3]. » Nous lui laissons la responsabilité de cette méchanceté ; et de son témoignage nous tirons seulement la preuve que rien n’advint. Ce qui n’est point contestable dans ce qu’il dit du comte du Lude, c’est « qu’il fut le foible de madame de Sévigné. » Elle-même a toujours ainsi parlé de lui. Sa fille la plaisantait souvent sur cette ancienne passion, et madame de Sévigné répondait à ces attaques, sans y contredire, et avec la libre gaieté d’une bonne conscience : « Vous trouvez que ma plume est toujours taillée