Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 10.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fils vous fera part de ma lettre. J’embrasse votre tourterelle.[1].


1695

1431. — DE MADAME DE COULANGES À MADAME DE SÉVIGNÉ.

À Paris, le 30e septembre.

Je m’en vais vous parler bien habilement du mal de Mme  de Grignan, c’est-à-dire du mal d’estomac, qui n’est autre chose, mon amie, que le mien : j’ai éprouvé par mon impatience toutes sortes de remèdes, trop heureuse si ces expériences lui peuvent être utiles ! Carette m’a donné pendant neuf mois de ses gouttes, qui ne m’ont point fait un mal sensible, mais qui m’avoient grésillée à un tel point, sans me raccommoder l’estomac, que je vous avouerai confidemment qu’elles m’ont fait une seconde maladie. Venons à Helvétius : il m’a donné une préparation d’absinthe qui m’a tout à fait rétabli l’estomac. Comme cela fait quelque impression de chaleur, très-légère pourtant, il m’a fait prendre des eaux de Forges, dont je me trouve à merveilles, Je commence à engraisser, je mange du fruit, je dîne et je soupe ; en un mot, mon amie, je ne suis plus la même personne que j’étois il y a deux mois. Vous voyez bien pourquoi je vous conte tous ces détails ; ramenez-nous donc Mme  de Grignan à Paris ; je vous promets qu’en trois semaines Helvétius et moi lui rétablirons l’estomac : c’est la cause de presque tous les maux. Je me suis même raccommodée avec le café ; et comme je ne sais point user d’une

  1. 16. Au dos de cette lettre, de onze pages, sont écrits ces mots, de la main du marquis de Sévigné : « De ma mère, le 20 septembre 1695. (Note de l’édition de 1806.)