Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/134

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plus clair que la parole, et peu favorable aux révérends pères ; mais ils en savent plus que nous ; ils n’ont pas besoin de tuteurs ni de conseils. Vous saurez ce qui viendra à notre connoissance. On ne sauroit cependant porter aucun jugement dans cette affaire qui ne soit extrêmement téméraire ; le plus court est de n’y penser qu’à mesure que les événements s’éclaircissent.

Vous avez très-bien jugé, mon cher Marquis, que je n’appellèrois M. Laine[1] à mon secours qu’après Noël ;tout sera en état de le recevoir alors. Au reste, je prétends caver au plus fort avec lui ; je m’en tiendrai à notre marché. Ce n’est pas là la difficulté, mais je voulois savoir si vous aviez vu M. d’Aulan[2], vous ne voulez pas me le dire : il n’y a pas grand mal. Je vous prie seulement d’assurer M. Lainé qu’il sera bien couché, bien nourri, six francs par jour et deux louis pour son voyage, aller et revenir, voitures comprises. N’est-ce pas là notre marché, mon cher Marquis ? S’il faut plus, dites-le-moi sans façon. Je suis charmée du jugement de Montbrison. Notre homme a été bien servi, il le sera encore ;s’il n’est pas sage à l’avenir, il faut que ses amis le pendent eux-mêmes. Il est bien reconnoissant de toutes vos bontés, et son aîné aussi, qui vous adore. Adieu, mon cher Marquis :je suis à vous plus qu’à moi-même.

15 décembre

Le malheureux Lamarque m’écrit qu’on lui a été son emploi, c’est-à-dire son pain. S’il se présente devant vous, mon cher Marquis, je vous supplie d’avoir la cha-

  1. 2. Un architecte probablement ou un décorateur.
  2. 3. Jean-François de Suarès, marquis d’Àulau, petit-neveu du docte évêque de Vaison (Joseph-Marie Suarès, mort en 1677), était luimême un savant, et avait rassemblé, comme le marquis de Caumont, son ami, des collections d’antiquités et de manuscrits.