Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/151

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des fenêtres, ils sont vis-à-vis de la porte de la garde-robe, parce que toute ma vie mon lit a été ainsi placé, et que je ne pourrois pas le souffrir autrement).

Cet espace ne doit pas dans mon dessein demeurer aussi nu ; mais je propose une grande porte parallèle à celle du cabinet, c’est-à-dire pourtant qui ne s’ouvrira pas tout entière; et moyennant des dessus de portes ou des portières, vous verrez, le compas à la main, que les entre-deux de toutes ces portes et cheminées ne sont plus grand’chose, et que moyennant un petit tableau, une pendule d’un côté, de l’autre une console avec un autre petit tableau, rien ne sera nu. Cette porte de garderobe que vous dites, mon cher Marquis, ne devoir s’ouvrir que rarement, est de toute ma maison celle qui s’ouvre le plus ; c’est le passage de tous ceux qui ont affaire à moi depuis sept heures du matin jusqu’à midi : ouvriers, fermiers, manants, gens d’affaires, créanciers, etc., puis le domestique, le lit de ma femme de chambre, mes crasseux de laquais, incessamment tout cela passe par là, et mon beau salon est fermé jusqu’à 1'heure du beau monde. Ajoutez à cela que le châssis que vous proposez me laisseroit toujours un froid horrible : ls ne ferment jamais bien et ne portent la tapisserie que jusqu’au lambris, au lieu qu’une bonne portière traîne et garantit de tout. Renoncer à mon passage du Rubicon ? ô mon Dieu : ! mon Marquis, quelles paroles prononcez-vous là ? C’est mon plus beau je n’ai fait ma maison que pour mes tapisseries. Enfin je ne puis pas céder (pour cette fois seulement et sans conséquence) il faut que je vous ramène à mon idée ,; vous verrez que vous vous y accoutumerez, et que quand vous la verrez exécutée, vous en serez charmé. Mais pour parvenir à ce charme il faut que le dessin de cette partie de ma chambre me vienne de vous, dans le goût que je propose

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