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78. DE MADAME DE SIMtANE A D’HERtCOURT. Du 5 décembre 17I2.

JE n’ai vu de tout ce que vous m’envoyez que la console, qui est charmante je vous en remercie de tout mon cœur, Monsieur. Je ne doute pas que vous ne l’ayez faite 5. Cette fin de l’alinéa manque dans l’édition de 1778, où est également supprimée la fin du suivant, à partir de « Mais qu’est devenu, etc. »

pour les moments où le goût de la solitude et des ré- flexions vous prendra neserai-je pas bien flattée de vous voir venir à moi quand vous voudrez être à vous ? J’avois dans ma jeunesse une amie du premier ordre pour la sagesse, le bon conseil, le bon esprit, la vertu, et je ne la voyois presque jamais, parce que j’étois toujours comme les gens ivres; mais dès que mon ivresse passoit un peu, ou qu’il m’arrivoit quelque encombre, je courois à elle; elle en badinoit, et me savoit très-bon gré de mes retours, dont elle connoissoit tout le prix. Ayez la bonté de ne pas croire que je veuille faire de comparaison à Dieu ne plaise! je n’ai de tout cela que la solitude. Avez- vous5 fini toutes vos adjudications? On dit des merveilles de la noce Ranchet je la verrai assurément quelque matin; elle sera heureuse comme une reine avec un mari le plus honnête homme qu’il y ait.

J’oublie avec vous, Monsieur, que j’ai fort mal aux yeux. Adieu donc, Monsieur, jusqu’au retour de ma vue. Mais qu’est devenu votre voyage d’Ais ? Venez nous voir. Ligondès vous aura dit tout ce que je pense, et lui aussi, du jeu de votre commandant. J’approuve infiniment votre façon de Denser sur tout cela.

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