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vous-même toute la délicatesse de votre esprit aura passé dans vos doigts, et cela fait un ouvrage parfait. Je n’ai donc point vu la noce de Mlle Ranchet; mon premier mouvement m’y portoit, la réflexion m’a arrêtée, et n’ayant fait aucune visite dans la ville, celle-là auroit paru singulière. La petite femme sera heureuse comme la Reine 1, avec un très-honnête homme et dans une belle ville.

Je vous renvoie la lettre de notre ami Mairan2, Monsieur elle est écrite à merveilles. J’y aperçois des sentiments pour vous que je comprends mieux que personne, et je l’en aime davantage. Quand il vous viendra quelque lettre de la petite Angloise $, faites-m’en part, je vous en prie, mais surtout de ce qui se sera passé le 2 de ce mois. Comptez sur ma discrétion, comme je compte ne pouvoir savoir rien de bien sûr, que ce que vous recevrez. J’ai bien envie d’avoir l’honneur de vous voir il me semble qu’il faudrait se rassembler pour écouter les nouvelles de ce moment présent.

LETTRE 73. 1. Ces mots a comme la Reine, » manquent dans l’édition de 1773.

2, Jean-Jacques d’Ortous de Mairan, né à Béziers en 1678, mort à Paris le ao février 1771.Ce savant académicien succéda à Fontenelle en 1-41, dans la place de secrétaire perpétuel.

3. Il nous paraît assez probable que la petite Anglaise qui écrit ces lettres que Mme de Simiane voudrait voir est la personne qu’elle nomme Mlle de Poirier, mais dont elle n’est pas sûre de bien dire le nom, et qui plus tard lui écrit à elle-même. Voyez les lettres du 17 février, du 25 mai, du 28 juin et du ior juillet 1733 et comparez à l’avant-dernier alinéa du î8 juin (p. r5o et i5i) ce passage delà lettre du i« juillet (p. i53): « Il faut y mener cette aimable Angloise sa présence dédommagera bien de la privation de ses lettres. »