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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/24

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xvm LETTRES INÉDITES

1690

  • 1254 bis. DU COMTE DE GRIGHAN AU COMTE DE PONCHARTRAIN[1].

MONSIEUR,

Il faut que mes affaires soient dans un extrême désordre2[2] pour oser vous en parler dans un temps ®ù les besoins de l’État font avec justice votre unique attention; mais, Monsieur, comme vous pensez à tout ce qui peut être utile au bien du service, je me flatte que me voyant servir le Roi depuis longtemps dans une grande et importante province, obligé à des dépenses pour le gouvernement, et pour mon fils qui est à l’armée à la tête d’un régiment[3], vous me mettrez au rang de ceux que vous croyez nécessaire de soutenir par quelque bienfait. Dans cette confiance, Monsieur, je vous supplie très

  1. LETTRE 1254 bisNous donnons cette lettre d'après l’original la signature seule est autographe. Au haut de la première page est tracée, au crayon rouge, l’abréviation Comp Elle est facile à comprendre : le ministre a ordonné de répondre par un simple « compliment ». -- Sur le comte de Pontchartrain, contrôleur général des finances de 1689 à 1699, voyez tome X, p. 79 et note 1 et ci-après, p. XXII, note 2.
  2. 2. Voyez la lettre du 22 janvier 1690, tome IX, p. 423 et suivantes.
  3. 3. Voyez là lettre citée dans la note précédente. -Dans une lettre de juillet 1691, le comte de Grignan demande un délai pour le payement de ce qu’il doit pour ses îles en Languedoc. « J’y suis obligé, dit-il, par les grandes dépenses que mon fils m’a faites cette année pour entretenir son régiment sur le pied d’un des plus beaux du Roi, malgré les pertes considèrables qu’il y a faites. » -- Deux ans et demi plus tôt, dans une lettre du 28 janvier 1689, le comte de Grignan, remerciant le Roi d’avoir transporté sur sa charge le don que les vice-légats d’Avignon avaient coutume de recevoir, s’exprime ainsi « Je ne vous dirai rien sur l’utilité dont ce secours me sera dans les conjonctures présentes; mais vous serez peut-être bien aise d’apprendre que ce qu’on reçoit à Avignon pour moi va droit vers mon fils, afin qu’il puisse faire son métier avec honneur. »