294 ÉCRIT DE MADAME DE GRIGNAN, ETC.
que celle de Monsieur de Cambrai et de Monsieur de Méaux il est aisé d’en voir la différence sur ce que je viens d’établir, et il doit demeurer pour constant que cette dernière dispute est laplus solide et la plus intelligible de toutes les disputes, celle qui est le plus à portée de l’esprit et du cœur humain, dont il est juge naturel, qui l’intéresse le plus il y est question de ce qu’il sait faire essetitiellement. Connoitre, aimer Dieu, c’est là tout l’homme’, c’est son essence et safin, son action nécessaire et naturelle. Il est vrai qu’il y a des degrés de connoissance et des degrés d’amour; mais si ce grand objet étoit souvent médité, il seroit plus connu et par conséquent plus aimé; et* nous remplirions mieux les fonctions auxquelles nous sommes destinés, et nous conserverions la dignité de notre être nous n’en perdrions pas une partie en nous avilissant dans une attache honteuse au néant de nous-mêmes. C’est ce mélange d’amour de nous-mêmes, plus ou moins fort, qui fait la différence des cinq amours de Monsieur de Cambrai et quelle est la difficulté d’entendre le plus ou le moins, quand on entend une fois Dieu, amour, néant? Ces trois noms nous sont connus la définition des deux premiers est faite; le néant, qui n’a point de propriété, n’a point de définition. r ̃
suivantes. Le principal ouvrage de Messieurs de Port-Royal dans cette contestation, le traité, comme on l’appelait, delagrande Perpétuité {1669, 167a, 1676), appartient presque entièrement à Kicole, mais ce fut Antoine Arnauld (Nicole lui-même le voulut ainsi) qui passa pour en être l’auteur. Un des livres du célèbre ministre calviniste Jean Claude a pour titre Réponse au livre de M. Arnauld, intitulé la Perpétuité de la. foi. etc. (1670). M. Sainte-Beuve (p. 342), jugeant la méthode de l’adversaire de Claude, emploie comme Mme de Grignan le mot subtil. « Dans l’ingénieuse, bien que trop subtile et trop volumineuse construction de son livre. il use en maître de toutes les ressources de J’argumentation. »
1. « de ce qu’il sait faire essentiellement, connoître, aimer Dieu c’est
la tout l’homme. » (Année littéraire et édition de 1818.)
3. Cet et a été supprimé dans l’Annie littéraire et dans la réimpression
de 1818.