Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/410

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3a4 CH. DE SÉVIGNÉ ET DACIER

SI. de S* « Le sens de ces trois yers, qui partagent présentement

les beaux esprits de l’Académie, sera donc « qu’il est difficile de « traiter d’une manière propre, convenable, les sujets connus et que <t cependant on fera beaucoup mieux de les choisir que d’en inventer « de chimériques. »

Réponse. Ce ne sera jamais le sens de ces trois vers il est trop

absurde. M. de S* dispute toujours et ne prouve rien, ou bien il prouve contre lui-même. 11 parle ici pour moi contre son dessein. Il a tort au reste de croire que le sens qu’il donne à Horace partage l’Académie. Il n’a pour lui que deux ou trois de ces beaux esprits, qui ne se sont pas donné la peine d’approfondir notre dispute.

SI. de S* « Or Vlliade ne s’appelle pas un caractère. »

Réponse. Cela est vrai; mais Vlliade est faite sur l’action qui ré-

sulte d’un caractère, et par conséquent c’est le caractère qui en est le fondement. J’ai assez fait voir que le sujet est renfermé dans le caractère, et qu’ainsi carmen embrasse l’un et l’autre nécessairement. M. de S* « J’ajoute encore, puisque le mot proprie peut re-

cevoir cette signification, qu’il faut que ce soit d’une manière particulière au poëte, afin qu’on ne puisse pas l’accuser d’être le copiste. »

Réponse. Qui lui a dit que proprie dicerc peut recevoir cette si-

gnification? C’est ce que je lui ai nié. Proprie dicere ne peut jamais signifier traiter d’une manière qui soit particulière au poëte cela ne seroit pas latin, et on n’eu trouvera jamais un exemple. Quand Horace veut dire qu’un poëte se rend propre un sujet connu, il ne dit pas proprie dicere, mais priiati juris erit, « ce sujet sera à vous en particulier, » et, comme nous disons, « sera à vous en propre, quoiqu’il soit public » et c’est notre façon de parler qui a trompé M. de S*

31. de 5* « Mais je n’avoue pas pour cela qu’il soit nécessaire

que le sujet d’une tragédie soit purement imaginaire. »

Réponse. Personne ne l’a jamais prétendu. Aristote a fait voir

clairement que quand il arriveroit au poëte tragique d’étaler sur la scène des incidents véritables, il n’enmériteroit pas moinsle nom de poëte; car rien n’empêche que les incidents qui sont arrivés véritablement n’aient toute la vraisemblance et toute la possibilité que l’art demande. Mais ces actions véritables, quoiqu’elles n’aient jamais été traitées par aucun poëte, sont de la nature des sujets connus. On a l’histoire pour guide, et par conséquent ils sont moins