1671
avons vu une fois à Livry. Elle trouve que votre frère a la simplicité de la colombe ; il ressemble à sa mère. C’est Mme de Grignan qui a tout le sel de la maison, et qui m’est pas si sotte que d’être dans cette docilité. Quelqu’un pensa prendre votre parti, et voulut lui ôter l’estime qu’elle a pour vous : elle le fit taire, et dit qu’elle en savait plus que lui. Quelle corruption ! Quoi ! parce qu’elle vous trouve belle et spirituelle, elle veut joindre à cela cette autre bonne qualité, sans laquelle, selon ses maximes, on ne peut être parfaite ? Je suis vivement touchée du mal qu’elle fait à mon fils sur ce chapitre : ne lui en mandez rien ; nous faisons nos efforts, Mme de la Fayette et moi, pour le dépêtrer d’un engagement si dangereux. Il y a de plus une petite comédienne[1], et les Despréaux et les Racine avec elle ; ce sont des soupers délicieux, c’est-à-dire des diableries[2]. Il s’étourdit sur les sermons du P. Mascaron ; il lui faudroit votre minime[3]. Je n’ai jamais rien vu de si plaisant que ce que vous m’écrivez là-dessus : je l’ai lu à M. de la Rochefoucauld ; il en a ri de tout son cœur. Il vous mande qu’il y a un certain apôtre qui court après sa côte, et qui voudroit bien se l’approprier comme son bien ; mais il n’a pas l’art de suivre les grandes entreprises. Je pense que Merlusine est dans un trou ; nous n’en entendons pas dire un seul mot. Il vous dit encore que s’il avoit seulement trente ans de moins que ce qu’il a, il en voudroit fort à la troisième côte[4] de M. de Grignan. L’endroit où vous dites qu’il a deux côtes rompues le fit éclater. Nous vous
- ↑ 10. La Champmeslé. Voyez la note 21 de la lettre 146.
- ↑ 11. Voyez la Notice, p. 119.
- ↑ 12. Le minime qui prêchait à Grignan. (Note de Perrin.)
- ↑ 13. C’est-à-dire, à Mme de Grignan, qui était la troisième femme de M. de Grignan. Mme de Sévigné fait une nouvelle allusion à l’expression de la côte rompue dans la lettre du 20 octobre 1679.