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qu’elle a de l’esprit, et que je la crois une bonne religieuse ; et sur les pensées que vous avez avec elle de votre salut, je remarque que les bons et les mauvais exemples font le bien et le mal de votre conduite. Avec les religieuses vous songez à vous sauver, et vous vous damnez avec les gens du monde. Je suis fait en cela tout comme vous, et cent mille gens nous ressemblent[1].

Ce que vous me dites sur mes Mémoires m’encourage fort à les continuer.

Je vous écrirai en Bretagne ; mais quelque soin que nous prenions de nous entretenir, à peine pourrons-nous en cinq mois, moi vous écrire une fois, et vous me faire réponse. Cependant faisons toujours tout ce qui dépendra de nous sur cela.

Si Mme de Grignan est assurée de retourner cet hiver à Paris, je vous assure que les honneurs qu’elle recevra en Provence la consoleront fort de n’être pas auprès de vous ; mais si elle ne doit point revenir, elle aura mille chagrins pires que les excessives chaleurs[2].

Je ne veux de vous, ma chère cousine, ni des respects ni des honneurs ; je veux seulement de l’amitié et de l’estime, et vous ne me les devez pas refuser, car j’en ai infiniment pour vous.


  1. LETTRE 171. — 1. Mme de Coligny a ainsi corrigé cette phrase sur la copie autographe de son père : « Je remarque que les bons et les mauvais exemples font souvent le bien et le mal de la conduite. Avec les religieuses on songe à se sauver, et on se damne souvent avec les gens du monde. Je suis tout comme cela, et cent mille gens me ressemblent. »
  2. 2. À la suite de ceci, Mme de Coligny a écrit entre les lignes : « Puisque vous voulez que je vous envoie tout ce que j’écris au Roi, voilà ma dernière lettre : vous voyez que je ne me rebute pas. » — Cette lettre au Roi est celle où Bussy « supplie très-humblement Sa Majesté de lui permettre de la suivre dans le voyage de Flandre. » Elle se trouve dans la première édition des Lettres de Bussy, au tome I, p. 63-65, et dans l’édition de M. Lalanne, au tome I, p.451 et 452.