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1671

Rohan, de M. de Lavardin et de toute la Bretagne, qui, sans me connoître, pour le plaisir de vouloir contrefaire les autres, ne manqueront pas de venir ici : nous verrons. Je regrette seulement de quitter M. d’Harouys, et cette maison où je n’aurai pas encore fait la moitié des affaires que j’y ai.

Une de mes grandes envies, c’est d’être dévote ; j’en tourmente tous les jours la Mousse. Je ne suis ni à Dieu, ni au diable : cet état m’ennuie, quoiqu’entre nous je

    troisième fils, et, par la mort de ses aînés, héritier d’Honoré d’Albert duc et maréchal de Chaulnes (frère puîné du connétable de Luynes). Sa mère, Charlotte-Eugénie d’Ailly, était fille unique et héritière de Philibert-Emmanuel d’Ailly, baron de Picquigny, vidame d’Amiens, et de Louise d’Ognies, comtesse de Chaulnes ; elle avait donné, avec son nom, tous ces titres à son mari, d’abord appelé M. de Cadenet. Le duc Charles, qui figure si souvent dans la Correspondance, avait épousé en 1655 Élisabeth le Féron, fille unique de Dreux le Féron, conseiller au parlement, et de Barbe Servien (sœur de la duchesse de Saint-Aignan) ; elle était veuve de Jacques Stuer de Caussade, marquis de Saint-Mégrin, tué au combat de Saint-Antoine (1652). La duchesse de Chaulnes avait perdu en 1657 le fils unique de son premier mariage, et elle n’eut pas d’enfants du second. Le duc mourut le 4 septembre 1698, la duchesse le 5 janvier suivant, « n’ayant pu survivre son mari plus de quelques mois, dit Saint-Simon (tome II, p. 247 et suivante). Ils avoient passé leur vie dans la plus intime union. C’étoit pour la figure extérieure un soldat aux gardes, et même un peu suisse, habillé en femme ; elle en avoit le ton et la voix, et des mots du bas peuple ; beaucoup de dignité, beaucoup d’amis, une politesse choisie, un sens et un desir d’obliger qui tenoient lieu d’esprit, sans jamais rien de déplacé ; une grande vertu, une libéralité naturelle, et noble avec beaucoup de magnificence, et tout le maintien, les façons, l’état et la réalité d’une fort grande dame, en quelque lieu qu’elle se trouvât, comme M. de Chaulnes l’avoit de même d’un fort grand seigneur. Elle étoit, comme lui, adorée en Bretagne et fut pour le moins aussi sensible que lui à l’échange forcé de ce gouvernement (en 1695). » Voyez la Notice, p. 156, 183 et suivantes, 271, 280, 285, 287, et la lettre du 22 juillet 1671. — Sur Mme de Rohan, voyez la note 3 de la lettre 121, et sur M. de Lavardin, la note 5 de la lettre 158.