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177. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 21e juin.
Réponse au 30e mai et au 2e juin.

Enfin, ma bonne, je respire à mon aise ; je fais un soupir comme M. de la Souche[1] ; mon cœur est soulagé d’une presse et d’un saisissement qui en vérité ne me donnoit aucun repos. Bon Dieu ! que n’ai-je point souffert pendant deux ordinaires que je n’ai point eu de vos lettres ! Elles sont nécessaires à ma vie : ce n’est point une façon de parler ; c’est une très-grande vérité. Enfin, ma chère enfant, je vous avoue que je n’en pouvois plus, et j’étois si fort en peine de votre santé, que j’étois réduite à souhaiter que vous eussiez écrit à tout le monde hormis à moi. Je m’accommodois mieux d’avoir été un peu retardée dans votre souvenir, que de porter l’épouvantable inquiétude que j’avois pour votre santé. Je ne trouvois de consolation qu’à me plaindre à notre cher d’Hacqueville[2], qui, avec toute sa bonne tête, entre plus que personne dans la tendresse infinie que j’ai pour vous : je ne sais si c’est par celle qu’il a pour vous, ou par celle qu’il a pour moi, ou par toutes les deux ; mais enfin il comprend très-bien tous mes sentiments ; cela me donne un grand attachement pour lui. Je me repens de vous avoir écrit mes douleurs ; elles vous donneront de la peine

  1. Lettre 177 (revue sur l’autographe ; voyez le spécimen comparatif placé à la suite de l’Avertissement du tome Ier). 1 — Arnolphe de l'École des femmes, ou M. de la Souche, comme il préférait qu’on l’appelât :

    La Souche plus qu’Arnolphe à mes oreilles plaît.

    (Acte I, scène I)

    — Voyez la scène VI du second acte.

  2. 2. Voyez la lettre précédente.