Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 2.djvu/407

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 401 —

1671


l’avoir fait assassiner ; il a été criblé de cinq ou six coups de fusil ; on croit qu’il mourra : voilà une belle scène pour notre petite amie[1]. Je mande à mon fils que j’approuve le procédé de cette mère, et que voilà comme il faut corriger ses enfants, et que je veux faire amitié avec elle. Je crois qu’il est à Paris, votre petit frère ; il aime mieux m’y attendre que de revenir ici : il fait bien. Mais que dites-vous de l’infidélité de mon mari, l’abbé d’Effiat ? Je suis malheureuse en maris : il a épousé une jeune nymphe de quinze ans, fille de M. et de Mme de la Bazinière[2], façonnière et coquette en perfection ; le mariage s’est fait en Touraine ; il a quitté quarante mille livres de rente de bénéfices pour… Dieu veuille qu’il soit content : tout le monde en doute, et trouve qu’il auroit bien mieux fait de s’en tenir à moi.

M. d’Harouys m’écrit ceci : « Mandez à Mme de Carignan[3] que je l’adore ; elle est à ses petits états ; mais ce n’est pas gens comme nous, qui donnons des cent mille écus. Au moins qu’ils lui donnent autant qu’à Mme de Chaulnes pour sa bienvenue. » Il aura beau souhaiter, et moi aussi : leurs esprits sont secs, et leur cœur s’en


    remment faute de preuves ; mais elle fut fort soupçonnée de l’assassinat, dit encore Saint-Simon (tome XI, p. 234 et suivante), « et son second fils le chevalier de Saint-Nectaire (Senneterre) d’y avoir eu tant de part, qu’il en fut plus de vingt-cinq ans en prison et n’en sortit que par un accommodement. » Maupeou fut banni à perpétuité, et plusieurs de ses complices punis de mort. Voyez le Maupeouana, 1775, in-12, tome I, p. 309-316.

  1. 4. Voyez la note 6 de la lettre 169.
  2. 5. Marie-Anne Bertrand de la Bazinière n’épousa point l’abbé d’Effiat, comme le bruit en avoit couru ; elle se maria depuis avec le comte de Nancré. (Note de Perrin.) — L’abbé d’Effiat se disait en plaisantant le mari de Mme de Sévigné. Voyez la note 5 de la lettre 55, et les lettres du 14 septembre 1675 et du 4 août 1677.
  3. 6. Allusion à la plaisante méprise racontée dans la lettre du 19 août précédent, p. 328.