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ressent ; le soleil boit toute leur humidité, qui fait la bonté et la tendresse.

Ma bonne, je vous embrasse mille fois, je suis toujours dans la douleur d’avoir perdu un de vos paquets la semaine passée. La Provence est devenue mon vrai pays : c’est de là que viennent tous mes biens et tous mes maux.

J’attends toujours le vendredi avec impatience, c’est le jour de vos lettres. Saint-Pavin avoit fait un jour une épigramme sur les vendredis, qui étoit le jour qu’il me voyoit chez l’abbé. Il parloit aux dieux, et finissoit :

Multipliez les vendredis,
Je vous quitte de tout le reste[1].

All’applicazione, Signora[2].

Monsieur d’Angers[3] m’écrit des merveilles de vous ; il

  1. 7. J’ai retrouvé cette petite pièce de Saint-Pavin dans un manuscrit du temps (dans un manuscrit de Conrart). Elle n’a jamais été imprimée, on n’en connaissait que les deux vers que cite Mme de Sévigné. La voici entière :

         Seigneur, que vos bontés sont grandes
         De nous écouter de si haut !
         On vous fait diverses demandes :
         Seul vous savez ce qu’il nous faut.
         Je suis honteux de mes foiblesses :
         Pour les honneurs, pour les richesses,
         Je vous importunai jadis ;
         J’y renonce, je le proteste :
         Multipliez les vendredis,
         Je vous quitte de tout le reste.



    (Note de l’édition de 1818.)

    M. Paulin Paris a publié depuis (en 1860) toutes les pièces de Saint-Pavin, dans le tome IX des Historiettes de Tallemant des Réaux. — Voyez la Notice, p. 27 et suivante.

  2. 8. C’est-à-dire appliquez, Madame, comme Mme de Sévigné dit elle-même dans la lettre du 15 janvier suivant.
  3. 9. Henri Arnauld, frère du grand Arnauld et d’Arnauldd’Andilly,