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et quand vous avez été mal, je n’ai point été en repos. Je vous suis aussi fidèle sur l’eau que sur la terre. Nous avons compté vos journées : il nous semble que vous arrivâtes dimanche à Arles. M. de la Rochefoucauld dit que je contente son idée sur l’amitié, avec toutes ses circonstances et dépendances. Il a eu encore des conversations avec Merlusine, qui sont incomparables ; on ne peut les écrire, mais en gros elles sont comme vous les souhaitez. Votre enfant embellit tous les jours ; elle rit, elle connoît ; j’en prends beaucoup de soin. Pecquet vient voir la nourrice très-souvent. Je ne suis point si sotte sur cela que vous pensez. Je fais comme vous ; quand je ne me fie à personne, je fais des merveilles. Votre frère revint avant-hier. Je ne l’ai quasi pas vu ; il est à Saint-Germain ; ses yeux se portent bien ; il nous faisoit peur de sa santé, parce qu’il s’ennuyoit à Nancy depuis le départ de Mme Madruche[1].


Je reçois donc votre lettre du mercredi, que vous m’écrivîtes de Lyon un peu à la hâte ; mais cela fait plaisir. Il en coûte des renouvellements de tendresse dont on est fort aise. Je ne comprends point ceux qui veulent les éviter. Vous alliez vous embarquer, ma chère fille ; je recevrai de vos lettres de tous les endroits d’où vous pourrez m’écrire. J’en suis persuadée. Mon Dieu, que j’ai envie de savoir de vos nouvelles, et que vous m’êtes chère ! Il me semble que je fais tort à mes sentiments, de vouloir les expliquer avec des paroles : il faudroit voir ce qui se passe dans mon cœur sur votre sujet.

  1. 9. Voyez la Notice, p. 118 et suivante. Il est possible que le nom de Madruche en caclie un autre que Mme de Sévigné ne veut pas écrire.