Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 3.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 45 —

1672

été question depuis quatre jours. Il n’y a plus personne à Paris.

Voici votre tour,
Venez, Messieurs de la ville,
Parlez-nous d’amour,
Mais jusqu’à leur retour.

Ma tante n’est plus si excessivement mal ; nous sommes résolus de partir dans le mois de mai. Je vous écrirai soigneusement. Je déménage présentement ; ma petite maison[1] est bien jolie : vous y trouverez votre logement bien à souhait, pourvu que vous m’aimiez toujours ; car nous ne serons pas à cent lieues l’une de l’autre. Je prends plaisir de m’y ranger dans l’espérance de vous y voir. Adieu, ma très-aimable bonne, je suis à vous sans aucune distinction ni restriction.

Vendredi au soir.

Enfin Monsieur d’Uzès est parti ce matin : je lui dis hier adieu, avec douleur de perdre ici pour vous le plus habile et le meilleur ami du monde. Je suis fort touchée de son mérite ; je l’aime et l’honore beaucoup ; j’espère le revoir en Provence, où vous devez suivre tous ses conseils aveuglément. Il sait l’air de ce pays-ci, et n’oubliera pas de soutenir dans l’occasion l’honneur des Grignans. J’ai écrit à M. de Pompone, et n’ai pas manqué de lui envoyer deux feuilles de votre lettre : on ne sauroit mieux dire que vous ; si je l’avois copié, cela auroit été réchauffé, ou pour mieux dire, refroidi, et auroit perdu la moitié de sa force. J’ai soutenu votre lettre d’une des miennes, où je le prie de remarquer le tour qu’on avoit donné à cette affaire, et que voilà comme on cache, sous des manières douces et adroites, un desir perpétuel de

  1. 10. De la rue Sainte-Anastase. Voyez la note 11 de la lettre 173.