Aller au contenu

Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 100 —


———
1675
Il y aura un service, en attendant celui de Notre-Dame[1], qui sera solennel.

Que dites-vous du divertissement que nous eûmes ? Nous dînâmes comme vous pouvez penser ; et jusqu’à quatre heures nous ne fîmes que soupirer. Le cardinal de Bouillon parla de vous, et répondit que vous n’auriez point évité cette triste partie si vous aviez été ici. Je l’assure fort de votre douleur ; il vous fera réponse et à M. de Grignan, et me pria de vous dire mille amitiés, et la bonne d’Elbeuf, qui perd tout, aussi bien que son fils. Voilà une belle chose de m’être embarquée à vous conter ce que vous savez déjà ; mais ces originaux m’ont frappée, et j’ai été bien aise de vous faire voir que voilà comme on oublie M. de Turenne en ce pays-ci[2].

M. de la Garde me dit l’autre jour que, dans l’enthousiasme des merveilles que l’on disoit du chevalier, il exhorta ses frères[3] à faire un effort pour lui dans cette occasion, afin de soutenir sa fortune, au moins le reste de cette année, et qu’il les trouva tous deux fort disposés à faire des choses extraordinaires. Ce bon la Garde est à Fontainebleau, d’où il doit revenir dans trois jours pour partir enfin, car il en meurt d’envie, à ce qu’il dit ; mais les courtisans ont bien de la glu autour d’eux.

Vraiment l’état de Mme de Sanzei est déplorable ; nous ne savons rien de son mari ; il n’est ni vivant, ni mort,

  1. Voyez la lettre suivante, et celle du 9 septembre.
  2. Pour tout ce récit, le texte de la première édition de Perrin est presque en tout point semblable à celui de notre ancienne copie, que nous avons, selon notre coutume, très-fidèlement suivie. Dans sa seconde édition (1754), le chevalier s’est donné pour les tournures et pour les mots les plus grandes libertés. — Les deux paragraphes suivants ne sont pas dans le manuscrit ; le premier des deux manque aussi dans l’édition de 1734.
  3. M. le coadjuteur d’Arles et M. l’abbé de Grignan. (Note de Perrin.)