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423. — du comte de bussy de rabutin à madame de sévigné.

Trois semaines après que j’eus écrit cette lettre (n° 417, tome III, p. 516) à Mme de Sévigné, je lui écrivis celle-ci.

À Chaseu, ce 6e août 1675.

J’aurois attendu patiemment la réponse que vous me devez, avant que de vous écrire, Madame, si je n’étois trop rempli des merveilles que je vois pour me taire. M. de Turenne mort, et huit maréchaux pour le remplacer tout cela est surprenant.

Pour le premier, je sais que vous en serez affligée, mais vous ne savez peut-être pas que je le suis pour le moins autant que vous, je ne dis pas seulement comme un bon François, je dis même en mon particulier.

Le premier président de Lamoignon se mit dans la tête de me faire ami de M. de Turenne, et il le trouva si bien disposé à cela, qu’il me manda de le remercier des sentiments qu’il lui avoit témoignés pour moi. J’écrivis donc à ce grand homme une lettre pleine de reconnoissance, d’estime et de louanges, enfin une lettre où sa gloire trouvoit son compte, cette gloire que vous savez qu’il aimoit tant, et j’en reçus une réponse qui, dans sa manière courte et sèche étoit peut-être une des plus honnêtes lettres qu’il ait jamais écrites[1]. Je perds donc

  1. Lettre 423. — 1. « Le premier président de Lamoignon, mon parent et mon ami, dit Bussy dans le volume manuscrit de ses Mémoires que possède la Bibliothèque de l’Institut (notre lettre 423 ne s’y trouve pas), m’avoit témoigné à mon dernier voyage de Paris souhaiter extrêmement de me raccommoder avec le maréchal de Turenne, avec lequel il avoit de grandes liaisons ; de manière qu’aussitôt que ce général fut de retour d’Allemagne, le premier président travailla à cette réconciliation, » Voyez dans la Correspondance de Bussy, tome III, p. 4-6, la lettre que lui écrivit Lamoignon, celle qu’il adressa lui-même à Turenne, et p. 13, la réponse de celui-ci, datée du 10 mars 1675 (du 25 dans le manuscrit de l’Institut).