Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 124 —


1675et envie de me plaire. Je suis sûre qu’on ne l’en tirera pas : on sait trop bien ce que c’est pour moi que cette charmante peinture, et si on le vient demander ici, on dira que je l’ai emporté. M. de Coulanges vous dira où il est. M. de Pompone le voulut voir hier : il lui parloit, et croyoit que vous deviez répondre, et qu’il y avoit de la gloire à votre fait : votre absence a augmenté la ressemblance ; ce n’est pas ce qui m’a le moins coûté à quitter.

Nous avons ri aux larmes de votre Mme de la Charce et de Philis, sa fille aînée[1], âgée de trente-neuf ans : je la vois d’ici. Que voulez-vous dire, que vous ne narrez point bien ? Il n’y a chose au monde si plaisamment contée, et personne n’écrit si agréablement[2] ; mais il faut pleurer d’être dans un pays où l’on porte le deuil si burlesquement. Je vous remercie de la peine que vous avez prise de narrer cette folie : c’est un style que vous n’aimez pas, mais il m’a bien réjouie. M. de Coulanges vous

  1. « Philis de la Tour du Pin de la Charce était l’amie de Mlle d’Alerac…. cette belle-fille de Mme de Grignan, qu’elle aimait si peu. Voyez sur cette courageuse demoiselle (qui, dit ailleurs Walckenaer, tome IV, p. 354, combattit vaillamment le pistolet au poing sous les ordres de Catinat) le livre intitulé Histoire de Mlle de la Charce, de la maison de la Tour du Pin en Dauphiné, etc. Paris, 1731, p. 11, 36 ; c’est une espèce de roman dont l’auteur est inconnu…. On lit dans la Gazette de France du 23 juin 1703, que Philis de la Tour du Pin de la Charce, nouvelle convertie, mourut à Nyons en Dauphiné, âgée de cinquante-huit ans. Ainsi cette demoiselle avait trente ans lorsqu’elle était le sujet des sarcasmes de Mme de Grignan. » (Walckenaer, tome V, p. 450 ; voyez aussi son tome IV, déjà cité plus haut, où il nous apprend (p. 354) que Mme des Houlières fit un séjour de trois années chez la marquise de la Charce, près de la ville de Nyons, et qu’elle a adressé à Mlle de la Charce des vers qui se trouvent dans la première édition de ses poésies, 1668, p. 33.)
  2. Les mots « et personne n’écrit si agréablement, » ne se trouvent que dans la seconde édition de Perrin (1754).