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1675 avoir du bien, quand on n’a que des terres. Les pauvres exilés [1] de la rivière de Loire ne savent point encore leurs crimes ; ils s’ennuient fort. Vassé [2] étoit à six lieues de Veret ; je ne pus le voir.

Je suis en peine du rhume de la petite ; je sens de la tendresse particulière pour elle, et je mets sur mon compte toutes les petites bontés que vous aurez pour elle ; je lui rends l’amitié qu’elle a eue pour moi dès qu’elle a commencé de connoître elle a une place dans mon cœur.

Je suis toujours à mes Croisades [3]. Vous devez être fort touchée de Judas Machabée c’étoit un grand héros. Quelle honte si vous n’achevez pas ce livre que vous faut-il donc ? et l’histoire, et le style, tout est divin [4].



  1. « M. le comte d’Olonne, M. de Vineuil (voyez la note 6 de la lettre suivante), l’abbé d’Effiat et deux ou trois autres (dont l’un était de Vassé), furent exilés de la cour en 1674, pour avoir parlé du Roi avec trop de liberté. » (Vie de Saint-Évremond par des Maizeaux, édition de 1753, tome I, p. 123.) Ils furent rappelés en janvier 1679, à l’exception de Vassé (voyez une note de la lettre du 27 février 1679). « Ce fut au retour de cet exil, dit Perrin dans une note (1754), que le Roi demandant à M. de Vineuil ce qu’il faisoit à Saumur, lieu de son exil, M. de Vineuil dit au Roi qu’il alloit tous les matins à la halle, où se débitoient les nouvelles, et qu’un jour on y disputoit pour savoir qui étoit l’aîné, du Roi ou de Monsieur. »
  2. Henri-François, marquis de Vassé, qui mourut en 1684. Il avait épousé Marie, sœur aînée de la duchesse de Créquy. Il était cousin germain paternel de Mme de Grignan, et signa au contrat du 27 janvier 1669. Voyez la Notice, p. 33 et 330, la lettre du 12 juin précédent, tome III, p. 476, et Tallemant des Réaux, tome V, p. 46 et suivantes.
  3. Voyez la fin de la lettre du 14 septembre précédent, p. 134.
  4. Ce membre de phrase « et l’histoire, etc., » est omis dans l’édition de 1734. - Mme de Grignan, comme nous l’apprennent les lettres suivantes (voyez particulièrement celle du 6 novembre), lisait en ce temps-là, dans la traduction d’Arnauld d’Andilly, publiée en 1666, la Guerre des Juifs contre les Romains, de Josèphe. Les premiers chapitres sont consacrés à l’histoire des Machabées, racontée au reste bien plus en détail au livre XII des Antiquités judaïques du même auteur.