Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 180 —


1675gnie, par la joie du départ ? C’est un plaisir que je n’aurai point cette année.

Ma bonne, quand je vous écrirois encore quatre heures, je ne pourrois pas vous dire à quel point je vous aime, et de quelle manière vous m’êtes chère. Je suis persuadée du soin de la Providence sur vous, puisque vous payez tous vos arrérages, et que vous voyez une année de subsistance ; Dieu prendra soin des autres. Continuez votre attention sur votre dépense : cela ne remplit point les grandes brèches ; mais cela aide à la douceur présente, et c’est beaucoup. M. de Grignan est-il sage ? Je l’embrasse dans cette espérance ; ma très-bonne, je suis entièrement à vous.
———



457. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
Aux Rochers, mercredi 16e octobre.

Je ne suis point entêtée, ma bonne, de M. de Lavardin ; je le vois tel qu’il est : ses plaisanteries ni ses manières ne me charment point du tout ; je les vois comme j’ai toujours fait ; mais je suis assez juste pour rendre au vrai mérite ce qui lui appartient, quoique je le trouve pêle-mêle avec ses désagréments. C’est à ses solidement bonnes qualités que je me suis attachée, et par bonheur je vous en avois parlé à Paris, car sans cela vous croiriez que l’enthousiasme d.’une bonne réception[1] m’auroit enivrée ; enfin je souhaiterai toujours à ceux que j’aimerai plus de charmes ; mais je me contenterai qu’ils aient au-

  1. LETTRE 457 (revue en grande partie sur une ancienne copie). I. — Voyez la lettre du 20 septembre précédent, p. 137 et 138.