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1675tant de vertus. C’est le moins lâche et le moins courtisan que j’aie jamais vu ; vous aimeriez bien son style dans de certains endroits, vous qui parlez. Tant y a, ma bonne, voilà ma justification, dont vous ferez part au gros abbé, si par hasard il avoit jamais mal au gras des jambes[1] sur ce sujet.

Je suis fort aise que vous ayez remarqué, comme moi, la diligence admirable de nos lettres, et le beau procédé de Riaux[2], et de ces autres messieurs si obligeants, qui viennent prendre nos lettres et les portent nuit et jour, en courant de toutes leurs forces pour les faire aller plus promptement : je vous dis que nous sommes ingrats envers les postillons[3], et même envers M. de Louvois[4] qui les établit partout avec tant de soin. Mais hélas ma très-chère, nous nous éloignons encore ; et toutes nos admirations vont cesser. Quand je songe que dans votre dernière lettre vous me répondez encore à celle de la Silleraye, et qu’il y aura demain trois semaines que je suis aux Rochers, je comprends que nous étions déjà assez loin sans cette augmentation.

Vous aurez à présent vu la Garde. J’en suis fort aise. Vous aurez eu toutes vos hardes, et cette musique dans un de vos souliers vous aura bien…. Fi ! vous devriez danser toute seule avec ces souliers-là[5].

M. d’Hacqueville me dit qu’une fois la semaine, c’est assez écrire pour des affaires ; mais que ce n’est pas assez pour son amitié, et qu’il augmenteroit plutôt d’une lettre

  1. Expression familière à l’abbé de Pontcarré, lorsqu’il étoit importuné de quelque discours. (Note de Perrin.)
  2. Ce ne peut être qu’un courrier de la malle. (Note de l’édition de 1818.)
  3. Comparez tome II, p. 277.
  4. Surintendant général des postes.
  5. Ce paragraphe n’est que dans l’édition de 1725.