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1675que d’en retrancher une. Vous jugez bien que puisque le régime que je lui avois ordonné ne lui plaît pas, je lâche la bride à toutes ses bontés, et lui laisse la liberté de son écritoire : songez qu’il écrit de cette furie à tout ce qui est hors de Paris, et voit tous les jours tout ce qui y reste ; ce sont les d’Hacquevilles ; adressez-vous à eux, ma bonne, en toute confiance : leurs bons cœurs suffisent à tout. Enfin je me veux ôter de l’esprit de le ménager ; je veux en user[1] ; aussi bien si ce n’est moi qui le tue, ce sera un autre : il n’aime que ceux dont il est accablé ; accablons-le donc sans discrétion.

On me mande que le fils de M. de la Rochefoucauld a été rudement bourré par l’ami de Mme de Montespan, et que les raisonnements qu’il vouloit faire sur les vapeurs de cet ami furent rudement repoussés[2]. M. du Maine marche : voilà un grand bonheur pour Mme de Maintenon. On parle aujourd’hui de la froideur de ces deux amies, et que c’est sur l’intérêt. Je vous en manderai davantage quand je serai à Paris.

Vous n’avez jamais vu ces bois dans la beauté où ils sont présentement. Mme de Tarente y fut hier tout le jour ; il faisoit un temps admirable. Elle me parla fort de vous : elle vous trouve bien plus jolie que le petit ami[3].

  1. C’est le texte de 1725 et de 1726. Dans les deux éditions de Perrin : « J’en veux abuser. »
  2. Voyez la fin de la lettre du 23 octobre suivant, p. 201. — Le médecin d’Aquin (dont le nom est ordinairement Daquin dans les écrits du temps, comme nous l’avons plus haut imprimé nous-même) nous apprend dans son journal, que vient de publier M. le Roi, avec ceux de Vallot et de Fagen, que Louis XIV, dans la première quinzaine d’octobre 1675, fut fort travaillé de vapeurs. On peut voir, aux p. 128 et suivantes de ce curieux ouvrage, les observations du docteur sur ces « vapeurs élevées de la rate et de l’humeur mélancolique, dont elles portent les livrées par le chagrin qu’elles impriment ; » ainsi que ses réflexions sur la nature, la cause et les effets du mal.
  3. Le portrait en miniature de Mme de Grignan. (Note de Perrin.)