Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 191 —


1675 la fidélité de la poste enfin je reçois le 18e la lettre du 9e ; c’est le neuvième jour, c’est tout ce qui se peut souhaiter. Mais, ma fille, il faut finir nos admirations ; et comme vous dites, vous vous éloignez encore, afin que nous soyons précisément aux lieux que la Providence nous a marqués. Pour moi, je m’acquitte mal de ma résidence mais pour vous, bon Dieu ! Monsieur d’Angers [1] n’en fait pas davantage; et quand je pense à notre éloignement, et combien je serois digne de jouir du plaisir d’être avec vous, et comme vous êtes pour moi, précisément dans le temps que nous sommes aux deux bouts de la terre, ne me demandez point de rêver gaiement à cet endroit-là de notre destinée; le bon sens s’y oppose, et ma tendresse encore plus il faut se jeter promptement dans la soumission que nous devons à la Providence. Je suis fort aise que vous ayez vu M. de la Garde mon âme est fort honorée d’être à son gré; il est bon juge; je vous plains de le quitter sitôt. Je pense que vos conversations ont été bien infinies. Il mène donc Monsieur l’Archevêque [2] à la Garde [3]. C’est fort bien dit, c’est un fleuve qui rend fertiles et heureux tous les pays par où il passe je trouve qu’il a fait des merveilles à Grignan.

M. de Chaulnes est à Rennes avec quatre mille hommes il a transféré le parlement à Vannes; c’est une désolation terrible. La ruine de Rennes emporte celle de la province. Mme de Marbeuf [4] est à Vitré elle m’a fait mille amitiés de Mme de Chaulnes, et des compliments

  1. LETTRE 459. I. Henri Arnauld, évêque d’Angers. Voyez tome II, p. 402, note 9.
  2. L’archevêque d’Arles.
  3. Le château de la Garde était situé sur une montagne à une heure de Pierrelatte, et à trois lieues de Grignan. Il a été détruit pendant la Révolution.
  4. Voyez la lettre du 23 octobre suivant, p. 197, note 5.