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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/237

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1675ces allées. J’y passe des jours toute seule avec un laquais, et je n’en reviens point que la nuit ne soit bien déclarée, et que le feu et les flambeaux ne rendent ma chambre d’un bon air. Je crains l’entre chien et loup quand on ne cause point, et je me trouve mieux dans ces bois que dans une chambre toute seule : c’est ce qui s’appelle se mettre dans l’eau de peur de la pluie ; et je m’accommode mieux de la solitude que de l’ennui d’une chaise. Ne craignez point le serein, ma fille il n’y en a point dans les vieilles allées, ce sont des galeries ; ne craignez que la pluie extrême, car en ce cas il faut revenir, et je ne puis rien faire qui ne me fasse mal aux yeux. C’est pour conserver ma vue que je vais à ce que vous appelez le serein ; ne soyez en aucune peine de ma santé, je suis dans la très-parfaite.

Je vous remercie du goût que vous avez pour Josèphe : n’est-il pas vrai que c’est la plus belle histoire du monde ? Je vous envoie par Rippert une troisième partie des Essais de morale, que je trouve admirable : vous direz que c’est la seconde, mais ils font la seconde de l’Éducation d’un prince, et voici la troisième[1]. Il y a un traité de la Connoissance de soi-même, dont vous serez fort contente ; il y en a un de l’Usage que l’on petit faire des mauvais sermons[2], qui vous eût été bon le jour de la

  1. L’avertissement de la troisième partie des Essais de morale de Nicole, qui parut en 1675, commence ainsi : « On a donné à ce volume ici le titre de troisième volume des Essais de morale, parce que le dessein qu’on avoit eu de réunir dans un même corps d’ouvrage et sous un même titre les traités (au nombre de huit) qui avoient paru sous celui de l’Éducation d’un prince, et d’en composer ainsi un second volume d’Essais, étant exécuté, celui-ci, qui sans cela n’auroit été que le second, est maintenant le troisième. »
  2. La troisième partie des Essais se compose aussi de huit traités. Celui de la Connoissance de soi-même est le premier ; celui de la Manière de profiter des mauvais sermons, le dernier.