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1675aussi bien que celle que vos lettres ne m’ennuieront certainement point[1], quelque longues qu’elles soient : ah ! vous pouvez l’espérer sans chimère ; c’est ma délicieuse lecture.

Rippert vous porte un troisième petit tome des Essais de morale, qui me paroît digne de vous. Je n’ai jamais vu une force et une énergie comme il y en a dans le style de ces gens-là. Nous savons tous les mots dont ils se servent ; mais jamais, ce me semble, nous ne les avons vus si bien placés ni si bien enchâssés. Le matin, je lis l’Histoire de France[2] ; l’après-dînée, un petit livre dans les bois, comme ces Essais, la Vie de saint Thomas le Cantorbéry[3], que je trouve admirable, ou les Iconoclastes[4] ; et le soir, tout ce qu’il y a de plus grosse impression : je n’ai point d’autre règle. Ne lisez-vous pas toujours Josèphe ? Prenez courage, mon enfant, et finissez miraculeusement cette histoire. Si vous prenez les Croisades, vous y verrez deux de vos grands-pères[5] et

  1. « Aussi bien que celle que vous faisiez, que vos lettres ne m’ennuieroient point, quelque longues qu’elles soient. » (Édition de 1734.)
  2. Il avait paru de 1650 à 1675 des Histoires de France des sieurs du Verdier, de Ceriziers, de Michel de Marolles (1663), etc. Mézeray avait publié les trois volumes in-folio de la sienne en 1643, 1646 et 1651.
  3. La Vie de saint Thomas archevêque de Cantorbéry et martyr, tirée des quatre auteurs contemporains qui l’ont écrite, et des historiens d’Angleterre qui en ont parlé, des lettres du saint, du pape Alexandre III et de plusieurs grands personnages du même temps, et des Annales du cardinal Baronius. À Paris, chez Pierre le Petit, 1674, in-4. — La dédicace est signée Beaulieu, pseudonyme sous lequel se cache Camboust de Pontchâteau. L’achevé d’imprimer est du 20 avril 1674. Sur l’exemplaire de la Bibliothèque impériale, on a changé à la main 20 en 30.
  4. L’Histoire des Iconoclastes, par le P. Maimbourg. L’achevé d’imprimer est du 10 décembre 1675.
  5. Voyez ci-dessus les notes 6 et 7 de la page 215. — Ce qui vient après « et pas un de la grande maison de V*** » ne se lit que dans l’édition de 1754 ; de même qu’à la ligne suivante les mots : « par la place. »