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1675fatigue, c’est une Durance, c’est une bise. À quoi bon ce tracas ? Vous êtes toute rangée à Aix : passez-y votre hiver. Pour moi qui suis à la campagne, je ne pense point aux villes : mais si j’étois dans une ville, tout établie, la pensée de la campagne me feroit horreur. Je parle un peu de loin, sans savoir vos raisons. Celles de M. de Maillanes[1], pour aimer la Trousse, peuvent être bonnes ; ces Messieurs nous honorent quelquefois de leurs méchantes humeurs, et se font adorer des étrangers. Mais savez-vous que j’ai ouï dire beaucoup de bien de Maillanes, et que Monsieur le Prince en parla au Roi fort agréablement comme d’un très-brave garçon ? Je fus ravie quand on me conta cela à Paris.

Voyons, je vous prie, jusques où peut aller la paresse du Coadjuteur ; mon Dieu, qu’il est heureux, et que j’envierois quelquefois son épouvantable tranquillité sur tous les devoirs de la vie ! On se ruine, quand on veut s’en acquitter. Voilà toutes les nouvelles que je sais de lui.

Je vous ai mandé comme Bourdelot m’a honorée, aussi bien que vous, de son froid éloge : je vous en ai assez dit pour vous faire entendre que je le trouve comme vous l’avez trouvé. Mon Dieu, que je lui fis une bonne réponse ! Cela est sot à dire, mais j’avois une bonne plume, et bien éveillée ce jour-là : quelle rage ! peut-on avoir de l’esprit, et se méconnoître à ce point-là ? Vous avez une musique, ma chère ; je crois que je la trouverois admirable : j’honore tout ce qui est opéra ; et quoique je fasse l’entendue, je ne suis pas si habile que M. de Grignan, et je crois que j’y pleurerois comme à la comédie. Mme de Beaumont[2] a-t-elle toujours bien de l’esprit ? et Roquesante ? Jeûnent-ils toujours tous deux au pain et à l’eau ? Pour-

  1. Voyez tome II, p. 105, note 6, et tome III, p. 271, note 3.
  2. Voyez tome III, p. 265.