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1676fissent comme vos cordeliers : ils s’amusent à voler, et mirent l’autre jour un petit enfant à la broche ; mais d’autres désordres point de nouvelles. M. de Chaulnes m’a écrit qu’il vouloit me venir voir : je l’ai supplié très-bonnement de n’en rien faire, et que je renonce à l’honneur qu’il me vouloit faire, par l’embarras qu’il me donneroit ; que ce n’est pas ici comme à Paris, où mon chapon suffisoit à tant de bonne compagnie[1].

Vous avez donc vu ma lettre de consolation à B**[2] : peut-on lui en écrire une autre ? Vraiment vous me le dépeignez si fort au naturel, que je crois encore l’entendre, c’est-à-dire si l’on peut ; car pour moi, je trouve qu’il y a un grand brouillard sur toutes ses expressions.

Vous me dites bien sérieusement, en parlant de ma lettre : Monsieur votre père : j’ai cru que nous n’étions point du tout parentes[3] ; que vous étoit-il à votre avis ? Si vous ne répondez à cette question, je la demanderai à la petite personne qui est avec nous[4] : je ne sais si elle y répondra comme au lendemain de la veille de Pâques. Au reste, Mlle du Plessis s’en meurt ; toute morte de jalousie, elle s’enquiert de tous nos gens comme je la traite ; il n’y en a pas un qui ne se divertisse à lui donner des coups de poignard : l’un lui dit que je l’aime autant que vous ; l’autre, que je la fais coucher avec moi, ce qui[5] seroit assurément la plus grande marque de ma tendresse ; l’autre, que je la mène à Paris, que je la baise, que j’en suis folle, que mon

  1. À tant de bonne compagnie ne se trouve que dans les éditions de Perrin. Dans celles de 1726, la phrase finit par suffisoit.
  2. Brancas ? Voyez tome III, p. 379, la lettre du 19 janvier 1674, fin de la note ii ; voyez aussi la lettre du 29 décembre 1675, tome IV, p. 308, note 23.
  3. On lit parents, au lieu de parentes, dans les éditions de 1726.
  4. Dans l’édition de 1754 : « je m’adresserai à la fillette qui est avec nous. »
  5. Dans l’édition de Rouen (1726), il y a qui, pour ce qui.