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1675
n’a trouvé dans son coffre que neuf cents francs[1]. Son corps est porté à Turenne[2] ; plusieurs de ses gens et même de ses amis l’ont suivi. Le duc de Bouillon est revenu ; le chevalier de Coislin[3], parce qu’il est malade ; mais le chevalier de Vendôme, à la veille du combat voilà sur quoi on crie, et toute la beauté de Mme de Ludres ne l’excuse point[4].

Voici une nouvelle : vous savez que le chevalier de Lorraine et le chevalier de Châtillon[5] ne sont pas amis :

Enfin, pour éviter les discours superflus,
  1. Dans les éditions de 1725 et de la Haye (1726) : neuf mille livres.
  2. C’était ce qu’on croyait alors, mais le Roi ordonna qu’il fût porté à Saint-Denis : voyez la lettre du 19 août suivant. — Turenne, comme on sait, est en Limousin, près de Brive-la-Gaillarde. Sur la vicomté, et « les droits régaliens, si voisins de la souveraineté, » que le maréchal avait obtenus pour elle, voyez Saint-Simon, tome V, p. 317.
  3. Charles-César, chevalier de Malte non profès, « frère du duc et du cardinal de ce nom (tome II, p. 481, note 8), et frère de mère comme eux de la maréchale de Rochefort. » Voyez ce que Saint-Simon conte (tome II, p. 254-256) de ce cynique que regrettèrent les honnêtes gens de la. cour, de ses sorties et de ses manières si différentes de la politesse outrée de son frère le duc. « C’étoit un très-honnête homme de tous points, et brave, pauvre, mais à qui son frère le cardinal n’avoit jamais laissé manquer de rien, et un homme fort extraordinaire, fort atrabilaire et fort incommode. Il ne sortoit presque jamais de Versailles, sans jamais voir le Roi, et avec tant d’affectation, que je l’ai vu…. se trouver par hasard sur le passage du Roi, gagner au pied d’un autre côté. Il avoit quitté le service, maltraité par M. de Louvois, ainsi que son frère, à cause de M. de Turenne, à qui il s’étoit attaché et qui l’aimoit (voyez la lettre du 4 septembre). Il ne l’avoit de sa vie pardonné au ministre ni au maître, qui souffroit cette folie par considération pour ses frères, » Il mourut le 19 février 1699.
  4. Voyez la lettre du 11 décembre 1673, tome III, p. 309
  5. Voyez la lettre du 5 janvier 1674, tome III, p. 350. Le vers qui suit est tiré du Cid, acte Ier, scène III ; mais dans Corneille il y a épargner au lieu d’éviter. Celui qui vient après, et que sans doute Mme de Sévigné veut surtout rappeler, est :
    Vous êtes aujourd’hui ce qu’autrefois je fus.