Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 37 —

prince et le favori. Le dernier revint à Paris, où il reçut par Mme de Monaco une lettre très-tendre de Monsieur ; mais au lieu de ne pousser pas plus loin sa colère, et de prendre ce prétexte pour revenir, il est allé à Chilly[1], où il dit qu’il attendra quelques jours pour voir ce que Monsieur fera pour sa satisfaction, et qu’ensuite, s’il n’est content, il s’en ira à Vichy prendre des eaux, et puis où il plaira à sa mauvaise fortune. Voilà où en est présentement l’affaire ; on ne doute point que les présents ne fassent trouver, comme c’est l’ordinaire, que les absents ont tort. Cependant Mme de Monaco est fort intriguée ; et le marquis d’Effiat et Volonne[2] ont été si habiles qu’ils ont donné la démission de leurs charges à Monsieur, faisant voir avec beaucoup d’habileté qu’ils étoient les valets du chevalier de Lorraine, et que ne l’ayant plus, ils ont perdu leur maître., Je vous manderai la suite de cette belle histoire[3]. Adieu, ma très-chère.

Nous attendons cette ratification avec beaucoup d’impatience ; nous n’osons quitter Paris d’un moment, car nous savons que M. de Mirepoix et sa belle dame sont fort tentés de faire une infamie[4] ; nous sommes très-attentifs à l’arrivée de ce paquet. Je vous suis si parfaitement acquise, que je ne trouve mes pas bien employés que quand ils ont quelque rapport à vous. J’embrasse M. de Grignan, et vous ma bonne ; Montélimar[5], ma très-chère.


  1. Village du département de Seine-et-Oise, à quatre lieues au sud de Paris.
  2. Voyez tome III, p. 289, note 5, et p. 295 et suivante, note 3.
  3. Voyez les lettres des 26 et 28 août suivants, p. 90 et 103.
  4. Voyez la lettre du 12 juillet 1675, tome III, p. 513 et suivante, et plus bas, p. 66 et 77, celles des 19 et 21 août.
  5. Allusion au billet qui suit, de Coulanges.