Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/470

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 464 —


1676 je partis pour venir ici tâcher de recouvrer cette belle santé dont la perte m’afflige et vous aussi. J’y ai reçu votre lettre. Vous faites bien de me faire des compliments sur votre retour ; car je crois que je serai plus aise de vous revoir, que vous ne sauriez être de me retrouver. Dans cette espérance, je vais avaler mes verres d’eau deux à deux, afin d’être bientôt à Paris, où je vous embrasse par avance. Je supplie ma nièce de Coligny de croire que je l’aime et que je l’estime. On n’ose écrire ici, cela fait mourir ; c’est pourquoi je finis, afin de vous conserver une cousine qui vous aime fort.

————


542. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Vichy, mardi 26e mai.

Je dois encore recevoir quelques-unes de vos lettres de Paris : elles seront toutes les bienvenues, ma très-chère ; elles sont trop aimables. Vous avez une idée de ma santé qui n’est pas juste : ne savez-vous pas que j’ai conservé mes belles jambes ? ainsi je marche fort bien. J’ai mal aux mains, aux genoux, aux épaules : on m’assure que la douche me guérira ; j’ai très-bon visage, je dors et je mange bien, et je veux me persuader que tout cela n’est rien ; j’ai même si peu d’humeurs, que je ne prendrai des eaux que quinze jours, crainte de me trop échauffer. Je commencerai demain la douche, et vous manderai sans cesse de mes nouvelles : le commerce de Lyon va bien[1]. Ne me grondez point de vous écrire :

  1. LETTRE 542 (revue en grande partie sur une ancienne copie). Les lettres entre Vichy et la Provence passaient par Lyon.