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1676car sa jupe étoit toujours en l’air, et l’on voyoit dessous de fort belles jambes.

Il faut que je vous dise un mot de Paris, sur lequel je vous conjure de ne me point dire le contraire ; c’est, ma fille, que je veux, pour ma joie et ma commodité, que vous repreniez tout bonnement votre chambre et votre alcôve, qui ne sont à personne : je couche par choix dans ma petite chambre ; ainsi voilà qui est tout réglé, tout établi : c’est mon plaisir, c’est ma joie, c’est ma commodité ; toute autre chose me choque et me déplaît.

Je me suis fait valoir ici des nouvelles du combat naval[1]. Comme nous pleurâmes le chevalier Tambonneau[2] quand il fut tué l’autre fois, je m’en tiens quitte. Adieu, ma fille, reposez-vous bien dans votre château : c’est là où j’aimerois à être cet été ; mais ne m’en parlez point ; je n’ai jamais cru avoir de la vertu que dans cette occasion.





543. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Vichy, jeudi 28e mai.

Je les reçois[3] : l’une me vient du côté de Paris, et l’autre de Lyon. Vous êtes privée d’un grand plaisir, de

  1. Livré le 22 avril 1676. Ruyter y eut les deux jambes fracassées d’un boulet de canon, et mourut quelques jours après.
  2. Le chevalier Tambonneau, capitaine, figure dans la Gazette du 16 juin, parmi les officiers tués dans.le combat naval. Était-ce un frère de Tambonneau l’ambassadeur en Suisse (mort en 1719) ? Voyez tome II, p. 536, et la note 5, imprimée avant que nous eussions pris note de ce passage-ci.
  3. LETTRE 543. — Dans les éditions de Perrin : « Je reçois deux de vos lettres. »