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1676les Petites-Maisons. Je mis hier moi-même une rose dans la fontaine bouillante : elle y fut longtemps saucée et ressaucée ; je l’en tirai comme dessus sa tige : j’en mis une autre dans une poêlonnée d’eau chaude, elle y fut en bouillie en un moment. Cette expérience, dont j’avois ouï parler, me fit plaisir. Il est certain que les eaux ici sont miraculeuses.

Je veux vous envoyer par un petit prêtre qui s’en va à Aix un petit livre que tout le monde a lu, et qui m’a divertie ; c’est l’Histoire des Vizirs[1] ; vous y verrez les guerres de Hongrie et de Candie, et vous y verrez en la personne du grand vizir[2] que vous avez tant entendu louer, et qui règne encore présentement, un homme si parfait, que je ne vois aucun chrétien qui le surpasse. Dieu bénisse chrétienté[3] ! Vous y verrez aussi des détails de la valeur du roi de Pologne[4], qu’on ne sait point, et qui sont dignes d’admiration. J’attends de vos lettres avec impatience, et je cause en attendant. Ne craignez jamais que j’en puisse être incommodée : il n’y a aucun danger d’écrire le soir.

Voilà votre lettre du 31e de mai, ma très-chère et très-parfaitement aimable. Il y a des endroits qui me font rire aux larmes : celui où vous ne pouvez pas trouver un mot pour Mme de la Fayette est admirable. Je trouve que vous avez tant de raison, que je ne comprends pas par quelle

  1. Voyez plus haut, p. 449, note 10.
  2. Achmet Coprogli pacha, qui mourut, comme nous l’avons dit, en 1676, au commencement de décembre.
  3. Il y a chrétienté sans article, non pas seulement dans le manuscrit, mais encore dans les deux éditions de Perrin, les premières où cette lettre ait été imprimée.
  4. Jean Sobieski.