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1676vous, que je vous parle toujours sincèrement, et que dans les arrangements de ma pauvre petite maison, rien ne me peut incommoder que le refus que vous m’en feriez.

Vous êtes bien digne d’être instruite des manières de la duchesse[1] ; cela passe encore tout ce que je vous en ai dit. Bayard m’est venu rendre compte du séjour qu’elle a fait chez lui ; enfin elle le mit au point qu’il crut qu’il ne pouvoit se dispenser honnêtement de ce qui s’appelle la tourmenter dans son lit, et voyez la belle opinion qu’on a de sa vertu : il fut persuadé de tout ce qu’on dit des marécages par la défense qu’elle fit[2].

Vous avez vu comme je suis instruite de Guenani[3] dans le temps que vous m’en parlez. Je viens de prendre et de rendre mes eaux à moitié : il est mardi, à dix heures du matin. Comme je suis bien assurée que, pour vous plaire, il faut que je quitte la plume, je le fais, ma très-chère, vous embrassant de toute ma tendresse.


547. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Vichy, jeudi au soir, 11e juin.

Vous seriez la bienvenue, ma fille, de me venir dire qu’à cinq heures du soir je ne dois pas vous écrire : c’est ma seule joie, c’est ce qui m’empêche de dormir. Si j’avois envie de faire un doux sommeil, je n’aurois qu’à

  1. De Brissac.
  2. À cet alinéa Perrin a substitué ce qui suit : « Vous ai-je mandé ce que dit notre petite Coulanges de la guérison de la duchesse, qui consiste à ne point rendre les eaux de Vichy ? Cela est plaisant. » — C’est la répétition de ce qui a été dit dans la lettre du 4 juin, P. 479.
  3. Voyez tome II, p. 140, note 4.