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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/508

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1676que la pensée d’être aimée longtemps d’une même personne. Vous voyez comme les avis sont différents.

Il y avoit un parent de l’abbé Bayard, qui étoit avec nous à Langlar ; s’il y eût été du temps de la duchesse[1], il eût été fort digne qu’elle eût tiré dessus : elle n’avoit rien trouvé de si bon dans tout son voyage. Il ne dit et ne fait rien à gauche ; il est jeune et joli, et danse la bourrée ; il fait des chansons avec une facilité surprenante. Il vint une laide femme nous voir, qu’on soupçonne d’être coquette : voici ce qu’il dit tout de suite à Bayard, et qui me revint par lui ; car le petit homme est joli, et craignoit d’offenser mes chastes oreilles : je crains encore plus celles de M. de Grignan ; mais on écrit à Briare tout ce qui se présente. C’est sur l’air….

Cominges[2] n’est pas malhabile
Quand il s’agit de prendre un cœur ;
Si ce n’est celui du pupille,
C’est celui de son gouverneur.

Je vous prie de ne pas le laisser traîner de mon écriture : il en a fait plusieurs autres pleines[3] de vivacité ; mais je crains que vous n’en sachiez pas l’air. Voilà bien abuser de vous, ma chère fille ; il faut que je sois bien persuadée, et de votre amitié, et de votre loisir. Je ne sais aucune nouvelle. Ce que vous avez dit sur la prévision du Roi à l’égard du frère de Quanto[4] est un sujet de méditation admirable. Je médite aussi fort souvent sur la joie et l’espérance de vous voir à Paris.

  1. De Brissac.
  2. Ce nom est dans le manuscrit ; les éditions de Perrin n’en donnent que la première lettre.
  3. C’est le texte du manuscrit le féminin s’explique par l’idée de chansons.
  4. Le maréchal de Vivonne. Voyez la lettre précédente, p. 498.