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1676presse à qui l’aura ; et je ne sais rien de mauvais en lui (ôtez-en quelque fragilité), qui puisse le rendre indigne de votre protection : il m’a été d’une grande consolation aux Rochers. Je n’ai pas entendu parler depuis ce temps-là de ce que nous croyons qui a causé tous mes maux : je crois en être entièrement quitte. Je ne renonce pas à me faire saigner, quand on le jugera à propos. La poudre du bonhomme pourra retrouver sa place aussi, quand je me serai rendue digne de son opération car présentement les eaux et la douche de Vichy m’ont si bien savonnée, que je crois n’avoir plus rien dans le corps ; et vous pouvez dire, comme à la comédie « Ma mère n’est point impure[1]. » Je tâterai de l’air de Livry, et croyez, mon enfant, que j’userai sagement de cette bride qu’on m’a mise sur le cou.

Il n’y a qu’à rire de l’aventure de la Garde ; je vous assure qu’il dormoit ; car l’amour tranquille s’endort aisément, comme vous savez. Hélas à propos de dormir, le pauvre Monsieur de Saintes[2] s’est endormi cette nuit au Seigneur d’un sommeil éternel. Il a été vingt-cinq jours malade, saigné treize fois, et hier matin il étoit sans fièvre, et se croyoit entièrement hors d’affaire. Il causa

    cette teinture, mêlée avec seize onces d’autre liqueur, s’appelle proprement or potable, à cause qu’elle a une couleur d’or vif et brillant, et l’on dit que c’est un remède souverain contre plusieurs maladies. Faber, médecin du roi d’Angleterre, en a fait un traité. »

  1. Allusion à l’Amour médecin de Molière (acte II, scène ii) :
    m. tomès.

    Nous avons vu suffisamment la malade, et sans doute. qu’il y a beaucoup d’impuretés en elle.

    sganarelle.

    sansMa fille est impure !

  2. Louis de Bassompierre, fils naturel du maréchal de Bassompierre et de Marie-Charlotte de Balsac d’Entragues, tante du duc.de Verneuil. Il fut premier aumônier du duc d’Orléans et évêque de Saintes de 1648 au 1er juillet 1676.