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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 4.djvu/518

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1676

554. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 3e juillet.

Vous me dites que c’est à moi à régler[1] votre marche ; je vous l’ai réglée, et je crois qu’il y a de la raison dans ce que j’ai fait[2]. M. de Grignan même ne doit pas s’y opposer, puisque la séparation sera courte, et que c’est bien épargner de la peine, et me donner un temps d’avance, qui sera, ce me semble, purement pour moi. J’ai fait part de ma pensée à d’Hacqueville, qui l’a fort approuvée, et qui vous en écrira. Songez-y, ma fille, et faites de l’amitié que vous avez pour moi le chef de votre conseil.

On dit que la princesse d’Italie[3] n’est plus si bien auprès de sa maîtresse[4]. Vous savez comme celle-ci est sur la galanterie : elle s’est imaginé, voyez quelle injustice ! que cette favorite n’avoit pas la même aversion qu’elle pour cette bonté de cœur. Cela fait des dérangements étranges : je m’instruirai mieux sur ce chapitre ; je ne sais qu’en l’air ce que je vous dis[5].

Il me semble que j’ai passé trop légèrement sur Villebrune[6] ; il est très-estimé dans notre province ; il prêche bien, il est savant ; il étoit aimé du prince de Tarente, et avoit servi à sa conversion et à celle de son fils[7]. Le

  1. LETTRE 554 (revue en partie sur une ancienne copie). — « Que c’est à moi de régler. » (Édition de 1754.)
  2. « Dans ce que j’ai proposé. » (Ibidem.)
  3. Mme de Monaco.
  4. Madame.
  5. Ce paragraphe manque dans l’édition de 1734.
  6. Ce Villebrune étoit sorti des Capucins. Voyez la lettre du 15 décembre 1675 (plus haut, p. 281). (Note de Perrin.) Voyez encore la lettre précédente, p. 509.
  7. Le prince de Tarente abjura le calvinisme en 1670, deux ans avant sa mort ; son fils avait alors quinze ans. Le père du prince de