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que celle de la dépouille de M. de Vaubrun. Jamais rien n’auroit été d’une si grande édification et d’un si bon exemple, que de l’honorer du bâton après un si grand succès.

Mme de Coulanges me mande comme vous vous consolerez aisément si elle passe l’hiver à Lyon, et comme elle est aise aussi que vous soyez dans votre château. Je lui mande en général les commissions que vous me donnez, et qui partent de la même bonté, tantôt d’empêcher l’une de se consoler, tantôt de faire que l’autre soit marquée et malade[1] ; enfin la peine que j’ai à faire vos commissions. Elle nous écrit des lettres admirables, et nous parle souvent de la jolie haine qui est entre vous deux.

Le chevalier de Lorraine est allé à une abbaye qu’il a en Picardie[2]. Mme de Monaco le fut voir à Chilly ; mais elle n’a pu l’empêcher de partir et d’aller plus loin. On ne trouve pas sa politique bonne, et l’on croit qu’il y sera attrapé. C’est un étrange style que de vouloir faire chasser un principal officier dont on est content : c’est à ce prix qu’il met son retour. Je crois qu’il auroit eu contentement il y a quelques années; mais les temps sont différents : on n’est pas volage pour ne changer qu’une fois[3]. Il n’est pas vrai que le marquis d’Effiat et Volonne

  1. Nous avons déjà vu plusieurs fois la même plaisanterie. Mme de Grignan avait souhaité de voir diminuer le nombre de celles qui pouvaient lui disputer sa dignité de beauté. Voyez la lettre du 7 août précédent, p. 27 et 28.
  2. A l’abbaye de Saint-Jean des Vignes de Soissons. L’église en a été détruite pendant la Révolution, mais il existe encore deux belles tours d’une architecture gothique estimée. Le chevalier de Lorraine avait en outre les abbayes de Saint-Benoît-sur-Loire et de Tiron. (Note de l’édition de 1818.) — Le nom de Mme de Monaco et huit lignes plus bas ceux d’Effiat et de Volonne sont imprimés en entier dans la seconde édition de Perrin ; dans la première il n’y a que les initiales, avec des astérisques.
  3. Voyez la lettre du 9 août, de Mme de Sévigné, p. 35-37.