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ceurs à M. de Pompone et à Mme de Vins : en vérité, elles sont très-bien reçues. Je lui dis la joie que vous aviez de n’être plus mêlée dans les sottes querelles de Provence : il en rit, et de la raison de votre sagesse. Il souhaiteroit que les Bretons s’amusassent à se haïr, plutôt qu’à se révolter. J’ai vu Mme Rouillé[1] chez elle ; je la trouvai toujours aimable ; je croyois être à Aix. Je voudrois fort sa fille[2], mais elle a de plus grandes idées. Adieu, ma très-chère et très-aimée. Mme de Verneuil et la maréchale de Castelnau viennent d’admirer votre portrait : on l’aime tendrement, et il n’est pas si beau que vous. C’est à M. de Grignan, que j’embrasse, à qui j’envoie la relation aussi bien qu’à vous.

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430. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ
À MADAME DE GRIGNAN.
À Versailles, mardi 13e août, à minuit.

Voici la nouvelle du jour. Le Roi vient de dire que le duc de Zell[3] ayant assiégé Trèves, et le maréchal de Créquy s’étant acheminé pour y aller, ce duc avoit quitté le siège, brûlé son propre camp, passé la rivière sur trois ponts, chargé en flanc et battu le maréchal de Créquy, pris son canon et son bagage, l’infanterie défaite, et la cavalerie dans un désordre effroyable. On ne savoit pas ce qu’étoit devenu le maréchal de Créquy. On croit

  1. Femme de l’intendant de Provence, Rouillé de Mêlai. Voyez tome III, p. 277, note 2, et la lettre au comte de Guitaut du 18 mai 1680.
  2. Pour Charles de Sévigné. Voyez la Notice, p. 211.
  3. LETTRE 430. Frère du duc de Hanovre (voyez plus bas, p. 61, note 6). Dans l’édition de 1734 « le duc de Lunebourg. »