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1675
venu comme cela, et qu’il croyoit que ce berger feroit sa fortune comme lui. Quand il eut fait passer ses troupes à loisir, il se trouva content, et dit à M. de Roye[1] :

  1. Fils d’une sœur et mari d’une nièce de Turenne : Frédéric-Charles. de la Rochefoucauld, comte de Roye et comte de Roucy (son fils aîné, et sans doute son père, mort en 1680, portèrent ce dernier titre ; voyez la fin de la note). Il était, comme l’auteur des Maximes, arrière-petit-fils de François III, comte de la Rochefoucauld, qui fut tué à la Saint-Barthélemy ; mais il descendait de la deuxième femme de ce François III, Charlotte de Roye, comtesse de Roucy, sœur puînée de la première femme de Louis Ier prince de Condé. Il avait dès 1638 perdu sa mère Julienne-Catherine de la Tour, dont en 1656 il épousa la nièce Isabelle de Durfort (sœur des ducs de Duras et de Lorges : voyez tome II, p. 85, note 7, et tome III, p. 537, note 17). « Toute cette branche de la Rochefoucauld Roye étoit huguenote. Lors de la révocation de l’édit de Nantes, le comte de Roye. et sa femme se retirèrent en Danemark, où, comme il étoit lieutenant général en France, il fut fait grand maréchal et commanda toutes les troupes. C’étoit en 1683, et en 1686 il fut fait chevalier de l’Éléphant. Il étoit là très-grandement établi, et lui et la comtesse de Roye sur un grand pied de considération. » Une plaisanterie cruelle de la comtesse sur la reine de Danemark leur attira l’ordre de quitter le pays. Le comte de Roye « ne put conjurer l’orage. Il vint avec sa famille à Hambourg.… et à la révolution d’Angleterre il y passa, c’est-à-dire quelques mois devant. Le roi Jacques, qui y étoit encore, le fit comte de Lifford et pair d’Irlande, dont un fils qui l’avoit suivi prit le nom. Le comte de Roye étoit donc à Londres avec un fils et deux filles, et le comte de Feversham, frère de sa femme, chevalier de la Jarretière et capitaine des gardes du corps. À la révolution, ils ne se mêlèrent de rien ; et il a passé dix-huit ans en Angleterre sans charge et sans service, et mourut aux eaux de Bath en 1690. Ses autres enfants étoient demeurés en France ; on les avoit mis dans le service après leur avoir fait faire abjuration, et les autres dans des colléges ou dans des couvents. Le Roi leur donna des pensions, et M. de la Rochefoucauld avec MM. de Duras et de Lorges leur servirent de pères. » La comtesse de Roye, qui « étoit très-opiniâtre huguenote et avoit empêché la conversion de son mari, » mourut fort âgée en Angleterre au milieu de janvier 1715. Voyez les Mémoires de Saint-Simon, tomes I, p. 419-421, et XII, p. 12. — Dans le manuscrit, on lit  : « M. de Roix ; » dans l’édition de 1725 « : M. de Roncy ; » dans celles de 1726 : « M. de Roucy. »