Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1677

* 656. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Vichy, en partant, ce 25e septembre 1677.

Quand je songe que Mme de Guitaut n’est pas encore accouchée, et que M. d’Hacqueville est allé à Rouen et revenu, et qu’à son retour il ne m’en dit pas un mot, je comprends que cet enfant n’a pas dessein d’avoir le procédé des autres, et qu’il sera aussi extraordinaire pendant sa vie, et pour en sortir, qu’il l’est en y entrant. Songez que la très-bonne[1], dès que j’étois à Époisse, avoit déjà dit toutes ses oraisons à Sainte-Marguerite[2] : jamais il n’y eut un tel mécompte. Il y a des gens à qui ces désordres n’arrivent jamais.

Je partis de Saulieu[3], comme vous vîtes, car je reprends dès là le fil de mon histoire ; mais si vous vîtes mon départ, vous ne vîtes point toute l’amitié, la satisfaction, la reconnoissance que j’emportois dans mon cœur, de tout votre procédé pour moi : je vous conjure de croire que cela passe tout ce que vous en pouvez penser. Je passai deux jours avec mes parents en Bourgogne ; j’y reçus votre billet. Vous pensiez que M. de Tavannes[4]

  1. Lettre 656 (revue sur l’autographe). — 1. Mère du comte de Guitaut, d’après la première édition des lettres d’Époisse (1814). Ayant au moins passé la soixantaine en 1671 (voyez tome II, p. 73, note 1), elle parvint à un âge fort avancé : elle vivait encore en 1692 : voyez la lettre du 29 octobre 1692.
  2. 2. Voyez tome IV, p. 383, note 3.
  3. 3. Voyez plus haut, p. 301.
  4. 4. Jacques de Saulx, comte de Tavannes, lieutenant général des armées du Roi, bailli de Dijon. Il mourut le 22 décembre 1683, à l’âge de soixante-trois ans. On a de lui des Mémoires sur la Fronde, de 1650 à 1653. Il avait épousé Louise-Henriette Potier, fille puînée de René Potier, duc de Tresmes, pair de France, et de Marguerite de Luxembourg, veuve de François de Faudoas, dit d’Averton, comte de Belin, morte en 1680.