Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 5.djvu/460

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1678 continuelles défaites, et ses amis et ses serviteurs, en les épuisant de louanges. Ce n’est pas que je prévoie que la paix me donne plus de repos sur son sujet. Il me fournira assurément d’autres matières d’éloges, qui me mettront enfin à sec sur ses actions de paix comme sur celles de guerre.

Je suis à Bussy depuis un mois, et j’y serai jusques aux premiers jours d’août ; après quoi, je retournerai à ce Chaseu qui vous plaît tant. Je suis pourtant assuré que Bussy vous l’effaceroit un peu, si vous le voyiez aujourd’hui. Il y a des beautés et des propretés uniques, et vous y trouveriez l’aimable fille et l’aimable père, qui ne vous le gâteraient pas. Au reste, Madame, ne vous plaignez pas des répétitions à quoi vous dites que vous êtes sujette ; je ne vous les corrigerai pas : je veux toujours de la justesse dans les pensées, mais quelquefois de la négligence dans les expressions, et surtout dans les lettres qu’écrivent les dames[1].

Je demeure d’accord que M. de Vardes doit être content du mariage de sa fille avec M. de Rohan ; mais ce n’est pas aussi une si extraordinaire chose pour lui[2]. M. de Rohan, à mon avis, y trouve plus d’avantage : une des plus riches héritières de France, de la maison du Bec-Crespin, épouse un homme de la maison de Chabot ; il y a deux cents ans que les Chabots ne marchoient pas de pair avec le maréchal du Bec[3]. Pour la

  1. 2. Voyez ci-dessus, p. 451 et 452.
  2. 3. Une chose si extraordinaire en sa faveur. M. de Rohan, à mon gré, y trouve plus d’avantage : la plus riche héritière, etc. » ('Manuscrit de la Bibliothèque impériale.).
  3. 4. Le maréchal du Bec vivait dans des temps plus reculés que Bussv ne l’indique. Guillaume, cinquième du nom, seigneur du Bec-Crespin, était maréchal de France en 1283 ; il avait suivi saint Louis en Afrique en 1269 et il faut remarquer qu’on ne mettait alors aucune différence entre le titre de connétable et celui de maréchal de