Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/154

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1679 jusques à présent si utilement accordée, sous le nom de protection. Comme il n’étoit pas nécessaire d’avoir un grand mérite pour obliger une âme comme la vôtre à faire les grâces dont la fortune vous rendoit dispensateur, et qu’il faut une égalité de mérite que je n’ai pas pour

    la première, à cause du grand nom et du haut rang de son auteur, et la dernière comme étant d’un membre de la famille de Grignan ; nous ne la mettons point à sa place dans la Correspondance même, parce que l’original est de la main d’un secrétaire, et seulement signé de l’archevêque.


    lettre du prince de condé à m. de pompone.

    La nouvelle que je viens de recevoir de l’ordre que le Roi vous a donné me donne une des plus grandes afflictions que j’aie reçues de ma vie : je vous supplie d’en être bien persuadé et de croire que de tous les gens qui vous diront la même chose, il n’y en a pas un qui en soit plus vivement touché que moi, ni qui vous honore plus sincèrement que moi,

    Louis de Bourbon.

    À Chantilly, ce 19e novembre 1679.


    lettre de l’archevêque d’arles à m. de pompone.
    À Salon, ce 4e décembre 1679.
    Monsieur,

    Je suis obligé par tant de raisons d’entrer dans tous vos intérêts et d’être sensible à tout ce qui vous touche, que vous ne devez pas douter, Monsieur, que je ne prenne très-grande part à votre retraite de la cour. Tous les gens de bien en gémissent ; notre famille en est dans la dernière consternation, et mon déplaisir est très-grand par toutes ces raisons. Je sais bien néanmoins que la fermeté de votre âme et le peu d’attachement que vous aviez à la cour rendront votre éloignement beaucoup plus sensible à vos amis qu’à vous-même, que le regardant d’une vue bien différente à celle des personnes du siècle, vous y trouverez autant de consolation qu’ils y trouvent matière de chagrin et de déplaisir. Quoi qu’il en soit, je vous supplie, Monsieur, d’être bien persuadé de mon attachement en toute sorte de temps et de lieu, et que je serai avec autant de zèle et de respect, retiré dans votre maison, que j’étois dans votre ministère,

    Monsieur,
    Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
    L’archevêque d’Arles.