Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/251

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1680 ment de si grands noms pour si peu de chose[1]. M. de Bouillon a demandé permission au Roi de faire imprimer l’interrogatoire de sa femme, pour l’envoyer en Italie et par toute l’Europe, où l’on croiroit que sa femme[2] est une empoisonneuse. La maréchale de la Ferté[3], ravie d’être innocente une fois en sa vie, a voulu à toute force jouir de cette qualité ; et quoiqu’on lui eût mandé[4] de ne point venir si elle ne vouloit, elle le voulut, et cela fut encore plus léger que Mme de Bouillon[5]. Feuquières[6] et

  1. 27. « Et méme scandale pour si peu de chose. » (La Haye, 1726.)
  2. 28. « Où l’on pourroit croire que Mme de Bouillon est une empoisonneuse. » (Édition de 1754.) — Le texte de la Haye porte : « …en Italie, partie de l’Europe où l’on écrit que sa femme… »
  3. 29. « Mme de L. F. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
  4. 30. « Et quoiqu’on lui manda. » (Édition de la Haye, 1726.)
  5. 31. Ce membre de phrase et le suivant manquent dans le texte de la Haye (1726), qui reprend ainsi : « Ce qui est agréable pour les prisonniers, c’est que la chambre ne travaille de vingt jours, pour tâcher de trouver des informations nouvelles. On fera venir, etc.
  6. 32. Antoine de Pas, marquis de Feuquières, fut interrogé le 1er février 1680. Il avait été une fois chez Marie Vandon, femme de Mathurin Vigoureux, tailleur de Mme de Feuquières, sa mère, et il s’était trouvé chez la marquise du Fontet avec M. de Luxembourg, le jour que le Sage y était venu. On lit dans l’Histoire de Montmorency (tome V, p. 56) la manière dont le maréchal présenta cette scène dans ses interrogatoires. Son récit est un peu différent de celui de Mme du Fontet. Interrogée le 28 janvier 1680, elle se renferma dans une dénégation presque absolue, et, le 6 mars suivant, elle déclara « qu’ayant appris que l’instruction que l’on faisoit regardoit le service du Roi… la considération du bien public l’obligeoit de déclarer que M. le duc de Luxembourg et le marquis de Feuquières étant venus chez elle… M. de Feuquières, un moment après, vint lui demander du papier et de l’encre pour écrire un mot… et ledit sieur de Feuquières retourna dans sa grande chambre, où ils écrivirent… Peu de temps après, M. de Luxembourg, M. de Feuquières, et un autre homme nommé du Buisson (nom que prenoit le Sage), montèrent tous trois, avec un laquais qui portoit un réchaud de feu, dans une chambre haute… Ils firent sortir le laquais, ne demeurèrent pas longtemps dans cette chambre, et sortirent ensuite sans par-